Les réseaux de soins intégrés fleurissent en Suisse: après le Jura bernois, le canton de Vaud, le Tessin et plus
récemment le tout nouveau «Réseau Aar», c’est au canton du Jura de franchir le pas.
À partir du 1er janvier 2026, une nouvelle structure verra le jour, fruit d’une initiative conjointe de l’Hôpital du Jura (H-JU), du Réseau Médical du Jura (RMJ) et de l’assureur-maladie CSS.
«Compte tenu du nombre important d’assurés CSS dans le canton, ce réseau de soins intégrés a le potentiel de devenir l’un des plus grands de Suisse romande, voire du pays», annoncent les trois partenaires dans un
communiqué. Et d’ajouter: «L’initiative a vocation à évoluer en continu et à intégrer d’autres acteurs régionaux.»
De la prévention au soin
Le principe est simple: miser autant sur la prévention que sur le curatif, grâce à une collaboration renforcée entre médecins de famille, spécialistes, hôpitaux, soignants, thérapeutes et structures de soins à domicile.
L’Hôpital du Jura met à disposition un dispositif déjà dense: un hôpital de soins aigus, plusieurs centres de soins répartis dans les trois districts, une policlinique, un centre de réadaptation, deux EMS et la moitié de la Pharmacie Interjurassienne SA. Le RMJ, qui fédère quelque 30 médecins généralistes, complète ce maillage.
Pour Gautier Vallat, directeur général de l’H-JU, le projet marque une étape décisive: «Nous travaillons depuis des années en réseau, avec les médecins de famille, les soins à domicile ou l’Hôpital universitaire de Bâle. Mais ce partenariat structuré avec la CSS et le RMJ doit permettre de franchir un nouveau cap en faveur de la qualité des soins et de la maîtrise des coûts dans le canton du Jura.»
Un canton sous pression
Le contexte donne tout son sens à cette initiative. Le Jura a connu cette année une
hausse des primes nettement supérieure à la moyenne suisse. Parmi les causes identifiées: une sursollicitation des hôpitaux, souvent mobilisés pour des cas qui auraient pu être pris en charge plus tôt en médecine de premier recours.
Le ministre de l’Économie et de la Santé, Stéphane Theurillat, salue une réponse attendue: «Les Jurassiennes et Jurassiens subissent depuis des années des hausses importantes de primes, dues notamment au vieillissement de la population et au coût des médicaments. Ce réseau de soins est une mesure innovante qui doit infléchir cette tendance et mieux accompagner les patients dans leur parcours de santé.»
Vers une baisse des primes?
Mais la prudence semble de mise. Interrogée par la
«Radio-Télévision Suisse»,
Philomena Colatrella, CEO de la CSS, préfère temporiser: «Nous avons des observations qualitatives positives, notamment dans le suivi aigu. Mais pas encore d’effets mesurables. À Morges, les premiers résultats sont attendus pour la mi-2026. Dans le Jura, il faudra attendre la fin de 2026 pour tirer des conclusions. Dans deux ans, je pourrai dire si cela se traduit aussi par une réduction de primes.»