«La nécessité d’une évolution n’est pas un scoop», déclare Rebecca Ruiz (PS), cheffe du Département de la santé et de l’action sociale du canton de Vaud, dans les colonnes de
«24heures». Ces propos interviennent alors que s’intensifient les débats autour de la décision du Conseil d'État de réduire les subventions aux établissements de santé du canton.
Pour rappel: il y a une dizaine de jours, en pleine période estivale, les hôpitaux vaudois ont reçu un courrier officiel leur annonçant d’importantes coupes budgétaires concernant les prestations d’intérêt général (PIG). Ces baisses pourraient atteindre jusqu’à -20% pour certains établissements. Des réductions que certains, à l’instar des Pôles Santé de la Vallée de Joux (PSVJ) ou du Pays-d’Enhaut, jugent menaçantes pour leur propre existence. Pour le Canton, ces mesures sont néanmoins jugées nécessaires dans un contexte de déficit marqué.
La question du nombre minimum d’interventions
Point central: celui du nombre d’hospitalisations. La position de la conseillère d’État semble claire: «Les hospitalisations baissent, donc [le financement cantonal] devient trop important par rapport aux investissements nécessaires pour mettre les infrastructures hospitalières aux normes.»
Cela implique, selon elle, une meilleure collaboration entre les Pôles et les hôpitaux régionaux de référence, vers lesquels les patients se dirigent désormais davantage. Le débat est ancien: faut-il centraliser certaines prestations afin de garantir la sécurité et la qualité des soins? Si la réponse semble acquise – oui – reste à déterminer quelles prestations, précisément, nécessitent ce transfert.
«Il n’est pas possible d’assurer les mêmes types de prestations partout, explique encore Rebecca Ruiz. D’abord pour des raisons de sécurité, car il faut une taille critique et un nombre d’interventions minimum; ensuite parce que les plateaux techniques coûtent extrêmement cher pour peu de patients.»
L’ambulatoire, également en danger?
La question du maintien des activités ambulatoires suscite un malaise particulier. D’un côté, la cheffe du DSAS affirme que «l’ambulatoire fonctionne bien» au PSVJ. De l’autre, la direction du Pôle
indique auprès de Medinside avoir reçu un courrier du Canton évoquant que «ces mesures vont impliquer un arrêt des activités stationnaires et ambulatoires».
Le même courrier précise que «l’ampleur de ces coupes remettrait en cause de manière fondamentale des missions» et qu’il serait «indispensable» d’envisager une restructuration incluant l’arrêt des activités aussi bien stationnaires qu'ambulatoires.
Le PSVJ revendique pourtant un positionnement exemplaire sur le virage ambulatoire. Il explique: «On fait plus de chirurgie ambulatoire que dans d'autres établissements, parce qu'on a tout un dispositif communautaire, dans le cadre des soins intégrés. (...) Tout cela coûte moins cher.»
Et d’ajouter, sur un ton critique: «Si l’on voulait se gérer comme une entreprise, on aurait hospitalisé tout le monde: ça coûterait beaucoup plus cher, mais nous, comme établissement, nous serions dans les chiffres noirs. Nous, on a réellement pris ce virage ambulatoire, également voulu par l'État.»
Une concertation contestée
Si Rebecca Ruiz affirme que «des discussions avec les Pôles ont été engagées il y a de nombreux mois», la version livrée par les institutions concernées est toute autre. La direction du PSVJ indiquait récemment à Medinside: «On savait qu’il y aurait des annonces pour l’année 2026, mais en tout cas pas de cette ampleur.»
Selon eux, aucune concertation préalable n’a eu lieu concernant des coupes d’une telle portée. Un point d’autant plus sensible que les soutiens cantonaux représentent, dans certaines régions reculées, plusieurs fois la moyenne cantonale. «En moyenne, le financement par habitant là où il y a un hôpital de la Fédération des hôpitaux vaudois est de 216 francs. La Vallée de Joux est à 908 francs, et le Pays-d’Enhaut à 1393 francs», chiffre Rebecca Ruiz dans «24heures». Pour ces deux établissements, le soutien cantonal représente environ un tiers de leur financement.
Tarification au lieu de subvention: solution ou mirage?
Rebecca Ruiz insiste par ailleurs sur la nécessité d’adapter les modes de financement de certaines tâches. «La Conférence des directeurs de la santé recommande que certaines tâches soient financées par les tarifs et non par les cantons – comme les frais de traduction, par exemple.» Reste à savoir si une telle évolution est réaliste dans un paysage où les négociations avec les caisses maladie restent souvent tendues.