À Berne, des parlementaires demandent une enquête sur Epic

Face au manque de transparence du Conseil d’État sur les coûts et les risques liés à l’introduction du système Epic, plusieurs partis exigent désormais l’ouverture d’une enquête parlementaire.

, 8 décembre 2025 à 13:43
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Berne | Image: Unsplash
Le mécontentement grandit au sein du Grand Conseil bernois, en raison de la politique d’information du gouvernement sur l’introduction du système d’information hospitalier Epic. Le Conseil d’État aurait répondu de manière «incomplète et souvent évasive» à une première intervention interpartis, relève le député vert’libéral Casimir von Arx. Plusieurs parlementaires demandent désormais l’ouverture d’une enquête.
La motion correspondante, déposée par l’ensemble des partis et déclarée urgente, devrait être traitée dès la session de printemps.
Au cœur des préoccupations se trouve la question des coûts: les estimations officielles tablaient d’abord sur 83 millions de francs pour l’introduction du système, avant qu’une interpellation ne fasse état d’un montant avoisinant les 100 millions – sans compter les charges internes de personnel.
Pour Casimir von Arx, les informations fournies jusqu’ici demeurent insuffisantes. «Des coûts non mentionnés de plusieurs millions sont déjà apparus. L’enquête montrera s’il y en a d’autres», a-t-il déclaré au «Bärner Bär».

Une attitude «dépourvue de sens critique»

Selon lui, le gouvernement adopte une «attitude totalement dépourvue de sens critique» à l’égard d’Epic. Une telle posture laisse supposer que le système n’a pas été examiné en profondeur et que le choix d’Epic a peut-être été arrêté de manière prématurée.
La motion charge la Commission de gestion (CdG) d’examiner en détail le processus d’introduction et de faire appel au Contrôle des finances si nécessaire. Elle pourrait également demander l’accès aux contrats conclus avec Epic.

Discussion à l'échelle nationale

Le débat autour d’Epic ne se limite pas au canton de Berne. À Zurich, la décision de l’Hôpital universitaire (USZ) d’opter pour Epic suscite également des critiques. Soixante-dix-sept conseillers cantonaux ont déposé une interpellation portant notamment sur la protection des données, les risques, la sécurité, les coûts et le bilan de l’expérience menée à Berne. Ils se réfèrent explicitement aux présumés dépassements de budget de l’Hôpital de l’Île.
Le président du conseil d’administration du groupe Insel, Bernhard Pulver, conteste toutefois ces allégations: selon lui, l’introduction s’est déroulée «dans les temps, sans panne significative» et sans dépassement de coûts. Il soupçonne d’ailleurs des fournisseurs concurrents d’être à l’origine de ces accusations, alors même que le directeur bernois de la santé, Pierre Alain Schnegg, plaide pour une uniformisation cantonale en faveur d’Epic.

L'Epic s'impose dans toute la Suisse

Epic est depuis longtemps l'un des systèmes d'information clinique les plus controversés, mais aussi les plus répandus en Suisse:
  • Luzerner Kantonsspital (LUKS): en service depuis 2019, coût 66 millions.
  • Insel Gruppe (Berne): coûts d’introduction officiels d’environ 80 millions.
  • Hôpital pédiatrique de Zurich (Kispi): jusqu’à 51,2 millions, migration prévue jusqu’en 2027.
  • Hôpital universitaire de Zurich (USZ): adjudication de 94,8 millions pour dix ans.
  • CHUV (Lausanne): décision en faveur d’Epic après un litige juridique; le système doit équiper le CHUV et onze établissements régionaux.
Les partisans d’Epic mettent en avant l’uniformisation et les gains d’efficacité. Ses détracteurs, eux, alertent sur les coûts élevés, le manque de transparence et le risque de dépendance à un fournisseur américain.

Quelle suite à Berne?

La CdG doit désormais clarifier si les coûts communiqués jusqu’à présent sont tenables. Pour les initiateurs, une chose est certaine: ce n’est qu’une fois tous les postes cachés et les risques clairement identifiés que le canton de Berne pourra décider en toute responsabilité si Epic doit être déployé dans l’ensemble des hôpitaux.
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