C’est une nouvelle à laquelle plus d’un s’attendait: le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a attribué le marché de son futur système d’information clinique (SIC) à l’Américain Epic Systems Corporation. L’annonce, faite jeudi, survient quelques semaines après que le Tribunal fédéral a définitivement rejeté les recours de la société genevoise Kheops Technologies, mettant fin à une procédure judiciaire très suivie.
Dès son lancement, l’appel d’offres avait suscité des critiques, notamment de la part de Kheops. La société accusait le CHUV d’avoir défini des critères favorisant Epic, déjà choisi par plusieurs grands hôpitaux suisses.
Un projet à plus de 100 millions de francs
Lancé en septembre 2024, le projet vise à doter le CHUV et onze hôpitaux régionaux d’un système clinique unique, destiné à remplacer progressivement les solutions existantes. Objectif affiché: couvrir toutes les spécialités hospitalières, de l’oncologie aux urgences, en passant par les soins intensifs, la génétique, les blocs opératoires et la gestion des ressources internes.
L’offre retenue s’élève à un peu plus de 89 millions de francs, avec une maintenance annuelle d’environ 10 millions, facturée selon l’activation des services proposés. Le projet devrait s’étendre sur deux à trois ans après la contractualisation, précise le CHUV, qui rappelle que l’attribution reste conditionnée à l’obtention du budget nécessaire.
Une évaluation impliquant experts et collaborateurs
Selon le CHUV, l’évaluation a mobilisé «plus de 150 expert·e·s métiers» et permis à «plus de 300 collaboratrices et collaborateurs» de découvrir les solutions en lice via des cas d’usage en vidéo, avant de partager leur avis. Ces retours auraient conduit l’institution à identifier «le logiciel Epic comme le plus à même d’assurer une continuité complète de l’information tout au long du parcours patient, tant au sein des établissements qu’entre eux.»
Enfin, le CHUV précise que les données des patients seront «hébergées exclusivement en Suisse».
Des questions toujours ouvertes
Si la décision met fin au contentieux judiciaire, elle soulève néanmoins de nouvelles interrogations. Le choix d’un fournisseur américain, déjà implanté dans plusieurs hôpitaux suisses, remet en lumière les enjeux de souveraineté nationale.
Se pose également la question de la pertinence d’un système aussi complexe et coûteux pour des établissements régionaux aux besoins plus modestes.
L’ergonomie et l’appropriation par le personnel demeurent, enfin, des points cruciaux. Epic a été critiqué pour le temps qu’exige sa prise en main. Allégera-t-il réellement la charge de travail, ou, au contraire, l’alourdira-t-il – et pour combien de temps?