Confinements: baisse inattendue des naissances prématurées

Une chute marquée des naissances prématurées a été constatée en Allemagne pendant les confinements. Les raisons derrière ce phénomène pourraient transformer la néonatologie.

, 30 décembre 2024 à 21:14
image
Image: Marcin Jozwiak vi Unsplash
La pandémie de coronavirus et les restrictions liées au confinement ont manifestement exercé une influence favorable sur la proportion de naissances prématurées. C’est ce qui ressort d’une étude menée par une équipe de l’université Justus-Liebig de Giessen et de la clinique universitaire d’Ulm, en collaboration avec les centres périnataux de Hesse.
Depuis le début du confinement en Allemagne, le nombre de naissances prématurées n’a cessé de diminuer.
L’étude s’est appuyée sur 184'800 naissances enregistrées dans le Land de Hesse entre 2017 et 2020. Le nombre de naissances prématurées (avant la 32ᵉ semaine de grossesse) a significativement baissé pendant les deux phases de confinement traversées par l’Allemagne en 2020.
  • Birte Staude, Björn Misselwitz, Frank Louwen et al.: «Characteristics and Rates of Preterm Births During the Covid-19 Pandemic in Germany», dans: «Jama Network Open», septembre 2024.
  • doi:10.1001/jamanetworkopen.2024.32438
En particulier, le taux d’accouchements prématurés dans les grossesses à risque – par exemple chez les mères souffrant de maladies graves ou présentant des résultats pathologiques de cardiotocographie – a considérablement diminué. De plus, les accouchements prématurés dus à des infections intra-utérines ont également reculé.
Concrètement
  • Le risque de naissances très prématurées était inférieur de 13% par rapport à la période précédant la pandémie de Covid-19 (Odds Ratio de 0,87).
  • L’effet le plus marqué a été observé pendant le deuxième confinement, en octobre et novembre 2020 : le risque statistique était inférieur de 31% par rapport à la période «normale» (Odds Ratio de 0,69).
  • Le risque de naissances très précoces chez les mères atteintes de maladies graves a, sur l’ensemble de la période étudiée, diminué de 36% par rapport à la période antérieure (OR de 0,64).
Quelles en sont les causes ? Selon les chercheurs, les mesures d’hygiène renforcées mises en place à l’époque jouent un rôle déterminant. Les données issues de la Hesse montrent que la qualité des soins prodigués aux femmes enceintes jusqu’à l’accouchement est restée constante : l’accent mis sur les cas de Covid-19 n’a pas eu d’effets négatifs tangibles pour les femmes enceintes. Contrairement à d’autres domaines médicaux, tels que les soins d’urgence ou les traitements pour d’autres pathologies, les consultations prénatales et les visites dans les centres de naissance n’ont pas été retardées.

«Une approche globale»

Il semble que des règles d’hygiène strictes contribuent de manière significative à la prévention des naissances prématurées, comme le suggère la diminution des cas liés à des infections.
Ces résultats mettent en évidence «l’importance de programmes visant à minimiser ces risques de manière ciblée afin de réduire durablement le taux de naissances prématurées», déclare Anita Windhorst, de l’Institut d’informatique médicale de Giessen. Le néonatologue Harald Ehrhardt, de l’université d’Ulm, ajoute: «La période de pandémie a démontré qu’une approche globale des soins aux femmes enceintes – y compris la protection contre les infections – peut s’avérer prometteuse».
  • Découvrez les dernières actualités de la recherche médicale sur notre site «med-report».

  • coronavirus
  • Naissances
  • tendances
Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

Viktor Award 2024: les gagnants

Les lauréats du Viktor Award 2024 ont été désignés – découvrez qui sont les personnes récompensées.

image

Nutri-Score: 350 professionnels de santé interpellent Migros

Alors que 43% de la population suisse est en surpoids ou obèse, Migros retirait récemment le nutri-score de ses emballages, une décision qui alarme professionnels de santé et associations de consommateurs.

image

Covid: la Suisse a bien géré la crise, mais la Suède a fait mieux

Le Covid-19 a coûté à la Suisse l’équivalent de 140'000 années de vie: une étude internationale met en lumière l’impact réel de la pandémie en Europe.

image

Les EMS face à la pandémie: protéger sans isoler?

Interruption des visites, tests insuffisants, manque de matériel… Les EMS genevois ont été en première ligne face à la pandémie. Une étude analyse les stratégies mises en place et questionne l’efficacité des mesures les plus strictes.

image

Cybersanté: la Suisse pourrait économiser plusieurs milliards

L’eHealth pourrait améliorer l’efficacité du système de santé suisse et générer d’importantes économies. Pourtant, des procédures d’autorisation longues et complexes freinent son adoption, alertent des chercheurs de l’ETH Zurich.

image

Les mégots de cigarettes, vecteur de germes résistants

En se retrouvant dans les eaux, les filtres de cigarettes peuvent y propager des germes pathogènes et des bactéries résistantes aux antibiotiques, révèle une étude.

Du même auteur

image

Conseil international des infirmières: une nouvelle définition de la profession

Pour la première fois depuis des décennies, le CII a révisé la définition des soins et de la profession, mettant l’accent sur l’autonomie, la responsabilité et la diversité des missions.

image

Médecine complémentaire: finalement, rien ne change

Le Conseil des États a rejeté l'initiative qui visait à rendre facultative la prise en charge de l'homéopathie, de la médecine traditionnelle chinoise, de la phytothérapie et de l'acupuncture par l'assurance de base.

image

Changement de carrière: une obligation de remboursement pour les médecins?

Deux professeurs de médecine proposent des sanctions pour les médecins abandonnant ou réduisant leur activité professionnelle dès la fin de leurs études. Leur thèse: les places d'études ne manquent pas, c'est la contrainte qui fait défaut.