La Suisse, entre performance et pression des coûts

L'OCDE confirme une nouvelle fois la force du système de santé suisse: qualité élevée des soins, faible mortalité, personnel nombreux – malgré quelques points faibles.

, 21 novembre 2025 à 00:23
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Entrée du centre de conférences au siège de l'OCDE à Paris | Image: OCDE
La note globale reste excellente : tel est le principal message du dernier rapport de l'OCDE sur la santé. L'étude « Health at a Glance », publiée chaque automne, fournit l'équivalent d'un bilan annuel des systèmes de santé des 40 pays industrialisés les plus prospères.
  • OECD (2025), «Health at a Glance 2025: OECD Indicators», OECD Publishing, Paris, November 2025.
  • DOI: 10.1787/8f9e3f98-en.
Ce certificat confirme par ailleurs la place de la Suisse en tant qu'élève modèle dans la réalisation des objectifs d'un système de santé. Or, si la satisfaction de la population y est élevée en comparaison mondiale, les coûts le sont tout autant.
Se pose donc la question suivante: dans quelle mesure ce système de santé performant pourra-t-il perdurer face au vieillissement de la population?

La Suisse comparée à l'OCDE: aperçu en quelques points clés.

  • Décès évitables: le taux de décès liés à des maladies évitables ou traitables s’avère extrêmement bas par rapport à l’OCDE: 80 cas évitables pour 100'000 personnes (contre une moyenne de 145). Seul Israël fait mieux dans ce domaine. Pour les cas traitables, le taux suisse atteint 34 pour 100'000 personnes (contre une moyenne OCDE de 77), ce qui place la Suisse en tête devant le Luxembourg et la Corée du Sud.
  • Espérance de vie: l’espérance de vie en Suisse atteint désormais 84,3 ans, soit 3,2 ans de plus que la moyenne de l’OCDE.
  • Mortalité après un infarctus du myocarde: en Suisse, le taux de mortalité à 30 jours après une attaque cardiaque est de 6,2%, légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE (6,5%). En revanche, pour les accidents vasculaires cérébraux, la Suisse affiche un résultat légèrement inférieur à la moyenne, avec une mortalité à 30 jours de 7,9% (contre 7,7%).
  • Admissions hospitalières évitables: le taux d’hospitalisations évitables est légèrement inférieur à la moyenne générale, avec 459 pour 100 000 habitants, contre 473 en moyenne dans l’OCDE. Les «admissions évitables» donnent notamment des indications sur la qualité des soins ou du système de référence, puisqu’elles recensent les traitements hospitaliers qui auraient pu être mieux réalisés dans d’autres structures.
  • Auto-évaluation: seuls 4,4% des personnes en Suisse qualifient leur état de santé de «mauvais» ou «très mauvais». Dans l’OCDE, la moyenne atteint 8%.
  • Satisfaction: 89% des personnes interrogées en Suisse estiment que l’accessibilité et la qualité du système de santé sont suffisantes, contre 64% en moyenne dans l’OCDE. Seules 1,3% déclarent que leurs besoins en matière de santé ne sont pas couverts, contre 3,4% en moyenne dans l’OCDE.
  • Surpoids: la Suisse enregistre une proportion de personnes en surpoids de 12%, un chiffre nettement inférieur à la moyenne de l’OCDE (19%).
  • Activité physique: selon l’étude de l’OCDE, fondée en grande partie sur des déclarations individuelles, seuls 22% des personnes interrogées en Suisse disent ne pas faire de sport ou en faire très peu, contre 30% en moyenne dans l’OCDE. Fait notable : les Suisses se déclarent légèrement plus actifs que les Suissesses.
  • Dépenses de santé I: c’est désormais bien connu: les dépenses de santé sont nettement plus élevées en Suisse (près de 10'000 dollars par habitant) que dans l’OCDE en général (5'900 dollars, en parité de pouvoir d’achat).
  • Dépenses de santé II: la part des dépenses de santé dans le PIB atteint 11,8% en Suisse, contre 9,3% en moyenne dans l’UE.
  • Beaucoup de médecins: la densité médicale est de 4,5 médecins pour 1'000 habitants, un niveau supérieur à la moyenne de l’OCDE (3,9). Toutefois, plusieurs pays affichent une densité plus élevée: la Lituanie, la Bulgarie, l’Allemagne, la Norvège, l’Argentine, l’Italie, le Portugal et la Grèce.
  • Un corps médical plus âgé: un risque bien connu: en Suisse, les médecins sont en moyenne plus âgés. Alors que la proportion de médecins de plus de 55 ans est de 32% dans l’OCDE, elle atteint 38% en Suisse.
  • Personnel soignant: beaucoup – ou pas? Selon les statistiques officielles de l’OCDE, la Suisse est très bien pourvue en personnel infirmier, avec 18,8 infirmières et infirmiers pour 1'000 habitants, contre 9,2 en moyenne dans l’OCDE. Toutefois, la définition varie d’un pays à l’autre: l’OFS, dont les données servent de base à l’OCDE, inclut aux quelque 95'000 infirmiers diplômés plus de 50'000 soignants sans diplôme ES ou HES. Dans d’autres pays, seuls les professionnels avec un diplôme reconnu sont comptabilisés.
  • Trop de lits d’hôpital? Le taux de lits d’hôpitaux est de 4,4 pour 1'000 habitants, un niveau équivalent à la moyenne de l’OCDE. Il est instructif de comparer avec le Japon et la Corée du Sud, qui affichent des chiffres nettement plus élevés, autour de 12,5 lits pour 1'000 habitants.
  • Bastion de la technologie médicale: la Suisse dispose de 72 appareils de scanner, IRM ou TEP par million d’habitants, contre 51 en moyenne dans l’OCDE. Le Japon se distingue particulièrement avec 184 appareils par million d’habitants. En Europe, la Grèce, l’Italie et l’Allemagne possèdent une densité d’appareils légèrement supérieure à celle de la Suisse.
  • La prévention? Pas vraiment prioritaire: en Suisse, 1,9% des dépenses totales de santé sont consacrées à la prévention, nettement moins que la moyenne de l’OCDE (3,4%).
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  • Système de santé
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