Hôpital de La Tour: pertes financières, ambitions intactes

Entre turbulences, restructurations et ambitions: l’Hôpital de La Tour, à Meyrin, s’attend à clôturer l'année 2025 dans le rouge, conséquence directe des tensions avec les assureurs. Malgré tout, l'institution maintient le cap sur ses projets de développement.

, 10 juillet 2025 à 10:56
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Aperçu de l'extérieur du bâtiment B2 à Meyrin (Genève) | Image: Hôpital de la Tour, DR
Pour la première fois de son histoire, l’Hôpital de La Tour, situé à Meyrin près de Genève, a clôturé l’année 2024 dans le rouge, avec une perte de 5 millions de francs sur un chiffre d’affaires de 250 millions, révèle l’institution au média spécialisé «L'Agefi». En cause: un conflit prolongé avec plusieurs assureurs complémentaires, qui ont temporairement cessé de rembourser les prestations entre mai 2024 et juin 2025. Cette situation, née de l'absence de convention tarifaire, n'a cessé d'alimenter la colère croissante des patients et des professionnels de santé, en particulier dans les cantons de Vaud et de Genève.
L’hôpital a néanmoins poursuivi la prise en charge de certains patients, assumant seul les coûts afin de garantir la continuité des soins. Depuis, des accords ont été signés avec les principaux assureurs – Groupe Mutuel en janvier, puis Helsana, Sanitas et CSS en juin. Mais les séquelles financières restent vives.

Des répercussions qui se prolongent

Face à la baisse des naissances et des revenus liés aux assurances complémentaires, des ajustements de personnel ont été opérés, notamment en maternité. En avril, on apprenait que l'Hôpital de la Tour allait procéder à une série de licenciements – notamment au sein du personnel infirmier et aide-soignant – pour pallier la baisse de son activité.
Cette année encore, l’établissement s’attend à enregistrer une nouvelle perte, mais affiche une volonté ferme de retrouver l’équilibre dès 2026, grâce à une restructuration ciblée et à un recentrage sur les soins ambulatoires, désormais majoritaires dans son activité.

Soins ambulatoires: un virage stratégique

«Nous ne sommes pas qu’une clinique privée», affirme Olivier Schmitt, CEO de l’établissement, dans «L'Agefi», qui rappelle également que les soins ambulatoires sont ouverts à tous. «En prenant en charge davantage de patients avec l’AOS, nous avons pu compenser partiellement la baisse d’activité liée aux assurances complémentaires.»
Dans cette logique, l’Hôpital de La Tour poursuit la construction d’un Campus Santé à Meyrin. Ce projet d’envergure, étalé sur dix ans, vise à diversifier l’offre de soins et de services: prévention, recherche, innovation, et de nouveaux services pour les patients comme pour les professionnels. Le bâtiment B3, premier jalon du projet, devrait être opérationnel d’ici mi-2028.

Reconnaissance cantonale en ligne de mire

Malgré des sollicitations, la présidente du conseil d’administration, Jenny Paizi, affirme que l’hôpital, propriété d’un groupe d’investisseurs privés, entend rester indépendant. «Nous sommes en train de construire notre futur, pas d’envisager la vente de l’hôpital», déclare-t-elle à «L'Agefi».
L’Hôpital de La Tour demande à être reconnu officiellement comme le deuxième hôpital cantonal, en complémentarité avec les HUG. Il souhaite élargir ses mandats, notamment dans des spécialités comme la chirurgie cardiaque ou thoracique, et intégrer son futur centre de réhabilitation à la liste hospitalière cantonale.
Pour l’heure, les autorités restent sur la réserve, souligne «L'Agefi». Le Département de la santé, dirigé par Pierre Maudet, n’aurait pas encore statué sur le rôle que La Tour pourrait jouer dans la planification des soins à Genève, mais il prévoit de conditionner tout financement pour mission d’intérêt général à des exigences supplémentaires.
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