Helsana alerte sur la hausse des examens par TDM en Suisse

L’année dernière, plus de 600'000 personnes, soit près de 7% de la population, ont subi au moins un scanner du tronc. L’assureur s’inquiète de cette augmentation.

, 4 décembre 2025 à 10:48
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Centre médical d'Ostermundigen | SMN
Selon l’assureur Helsana, le nombre d’examens par tomodensitométrie a fortement augmenté. Plus de 600'000 personnes ont passé au moins un scanner l’an dernier, soit environ 7% de la population suisse. Chez les plus de 80 ans, la proportion grimpe encore: près d’une sur cinq a subi au moins un examen de ce type en 2024.
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Tomodensitométrie dans la population totale et par classe d'âge | Source: Helsana
La caisse maladie avance plusieurs éléments d’explication. La forte hausse observée entre 2020 et 2021 (représentée en pointillés sur le graphique) s'expliquerait en partie par l'application de nouvelles règles de codage, comme l'indique l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Ces changements ont conduit à enregistrer davantage d'examens, rendant les données seulement partiellement comparables à celles des années précédentes. Il n'en reste pas moins que l’augmentation des tomodensitométries thoraciques durant la pandémie de Covid-19 a, elle aussi, pesé de manière tangible sur les chiffres.
Plusieurs autres facteurs contribuent à cette évolution: des progrès technologiques rapides, l’élargissement des indications cliniques, comme le dépistage du cancer du poumon, ou encore le recours croissant à une médecine dite «défensive». À cela s'ajoute le vieillissement de la population, qui s'accompagne d'une augmentation des maladies chroniques.
La très large disponibilité des scanners en Suisse joue également un rôle déterminant. Selon l'OFSP, la Suisse affiche la plus forte densité d'appareils par habitant en Europe. Rapides, relativement peu coûteux et omniprésents dans les hôpitaux, les scanners comptent aujourd'hui parmi les équipements médicaux les plus utilisés du système de santé suisse.

Intervention du Contrôle des finances

Cette situation a conduit, au printemps, à une intervention sévère du Contrôle fédéral des finances (CDF). Des tarifs inappropriés auraient favorisé une offre étendue et luxueuse, critiquait l’organisme à propos de l’utilisation des tomographes et des appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Selon le CDF, les principaux responsables sont les médecins, le système tarifaire Tarmed obsolète et les assureurs, qui effectuent rarement des contrôles. L’office a donc demandé à l’OFSP d’exercer un contrôle plus strict, en collaboration avec les caisses-maladie. De son côté, Helsana estime que «certains examens de TDM ne sont pas complets ou pas du tout justifiés d’un point de vue médical».

La FMH défend les médecins

Interrogé cette année par la RTS, Philippe Eggimann, vice-président de la FMH, la faîtière des médecins suisses, avait reconnu la hausse du nombre d’examens, tout en en minimisant son impact sur les coûts globaux. Il évoquait alors le cas de la France, où les scanners sont souvent prescrits plus tardivement dans le parcours de soins, pouvant entraîner des traitements plus complexes – et donc plus onéreux.

Augmentation chez les femmes enceintes

Les examens par scanner sont de plus en plus fréquents avant ou pendant la grossesse. Avec l’augmentation de l’âge moyen des femmes au moment du premier enfant, les maladies chroniques préexistantes – et donc la probabilité d’un examen par scanner – augmentent également.
Selon Helsana, environ une femme sur 40 a passé un scanner dans l’année précédant sa grossesse en 2024, soit environ 1'800 femmes au niveau national. Pendant la grossesse, environ une femme sur 100 a été concernée, soit environ 800 cas. Au cours des dix dernières années, ce nombre a plus que triplé. Une étude américaine montre une tendance similaire: en dix ans, la proportion de femmes enceintes examinées par scanner est passée de 0,4 à 1,1%.
Pour Helsana, «bien que le nombre absolu de cas reste faible, ce sujet demeure pertinent, notamment en raison des risques potentiels d’irradiation et de la sensibilité spécifique de ce groupe de patientes».

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