Médecines complémentaires: loin du déclin, elles s’invitent à l’hôpital

De Genève à Zurich, les établissements suisses multiplient les initiatives en médecine intégrative. Une approche qui séduit de plus en plus, tout en suscitant des débats sur son financement et son efficacité.

, 18 décembre 2024 à 12:14
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L'acupuncture consiste à insérer de fines aiguilles dans des zones spécifiques de la peau et des tissus sous-jacents. En stimulant ces points, cette technique entend favoriser la circulation de l'énergie vitale. Image: Unsplash
Les Établissements hospitaliers du Nord vaudois (eHnv) ont récemment inauguré un centre dédié à la médecine intégrative à Yverdon-les-Bains, proposant des thérapies telles que l’hypnose et l’homéopathie. Cette initiative s’inscrit dans une tendance observée depuis plusieurs années à travers la Suisse.

De plus en plus d’offres en Suisse romande

Le Centre de médecine intégrative et complémentaire (CEMIC) du CHUV, fondé en 2015 à Lausanne, est devenu le premier centre académique de médecine intégrative en Europe francophone.
À Fribourg, la Clinique de pédiatrie de l’HFR a introduit dès 2015 des thérapies complémentaires pour les enfants et adolescents hospitalisés. Initialement destinées aux patients souffrant de maladies respiratoires, ces offres se sont progressivement étendues à toute la pédiatrie, aussi bien en stationnaire qu’en ambulatoire.
Dans le Jura, la Clinique le Noirmont intègre depuis 2021 des approches de santé intégrative pour les patients post-COVID, ces approches se sont étendues à l’oncologie.
Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), en partenariat avec la fondation OTIUM, promeuvent également des activités en médecine intégrative dans le domaine de l’oncologie.
D’autres établissements, comme la Clinique des Grangettes (Hirslanden) à Genève, se concentrent sur des domaines spécifiques. Leur Centre de Médecine préventive et intégrative complète les soins oncologiques avec des thérapies telles que l’acupuncture, le yoga-thérapie et l’hypnothérapie. Des initiatives similaires ont vu le jour à la Clinique Générale-Beaulieu (Swiss Medical Network), qui dispose d’un Centre de Médecine intégrative depuis 2022.
Cette croissance s’accompagne de démarches de certification, avec des labels comme le «Registre de Médecine Empirique» (RME) ou la certification «Cliniques intégratives», qui se veulent garants de la qualité des soins.

Un phénomène similaire en Suisse alémanique

Plusieurs établissements de Suisse alémanique ont également pris un virage vers la médecine complémentaire. L'hôpital cantonal de Saint-Gall a été un précurseur dans le domaine de la médecine intégrative, avec l'ouverture d’un centre dédié dès 2009.
En décembre 2024, la clinique Hirslanden de Zurich est devenue la première clinique de l'agglomération zurichoise à recevoir le label de certification "Cliniques intégratives" pour la spécialité de médecine interne générale.
Les autres organisations de santé certifiées par les "cliniques-integratives.ch" comprennent entre autres la Clinique Arlesheim, le Centre de médecine intégrative de l’Hôpital cantonal de Saint-Gall, le Centre de pédiatrie intégrative de l’HFR Fribourg, le Centre de santé Fricktal, de la Clinique Schützen Rheinfelden, JIVITA Médecine complémentaire de la Clinique de Bethanien et le CEMIC (CHUV).
La coopération entre l’Hôpital universitaire de Bâle et la clinique anthroposophique d’Arlesheim offre un exemple de collaboration réussie entre médecine conventionnelle et médecine complémentaire. Les patients de l’Hôpital universitaire de Bâle intéressés par des approches alternatives sont orientés vers Arlesheim, tandis que ceux d’Arlesheim bénéficient de l’expertise de l’Hôpital universitaire en médecine classique. En outre, ces deux institutions collaborent dans le cadre de l’étude clinique ISCA-CHECK, qui examine la sécurité et les effets immunologiques d’un traitement associant l’immunothérapie classique et un traitement par le gui.

Quel remboursement pour la médecine intégrative?

La question du financement des médecines complémentaires demeure cruciale et suscite de vifs débats. En septembre 2024, le Conseil national a voté en faveur d’une motion visant à rendre le remboursement des médecines complémentaires optionnel dans l’assurance obligatoire des soins (AOS). Si cette décision reflète un certain scepticisme quant aux coûts impliqués et à l’efficacité de ces approches, elle soulève aussi des débats sur leur potentiel économique à long terme, ces méthodes étant souvent axées sur la prévention. Bien qu'une diminution des coûts globaux du système de santé à long terme, en tant que retour sur investissement, puisse être anticipée, sa quantification précise demeure quasiment impossible.
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