L’EPFL annonce une avancée prometteuse dans le traitement des lésions de la moelle épinière: l’association de neuroprothèses et de robotique permettrait d’améliorer durablement la mobilité des patients.
Une équipe de chercheurs du centre d’innovation lausannois
NeuroRestore a mis au point un système combinant un stimulateur neuroprothétique implanté dans la moelle épinière et une rééducation assistée par robot.
Cet appareil émet des impulsions électriques synchronisées, stimulant les muscles en parfaite harmonie avec les mouvements du robot. Pour maximiser l’efficacité du traitement, des dispositifs de rééducation courants, tels que des tapis de course, des exosquelettes et des vélos stationnaires, sont également intégrés au protocole.
Ce procédé favorise une activité musculaire naturelle et coordonnée pendant la thérapie, avec des effets bénéfiques qui perdurent à long terme. «Non seulement cette avancée améliore la mobilité immédiate, mais elle favorise aussi le rétablissement sur le long terme»,
conclut l’équipe dirigée par Grégoire Courtine et Jocelyne Bloch.
«L’intégration parfaite de la stimulation spinale à la rééducation ou à la robotique récréative accélérera le déploiement de cette thérapie dans les soins standard et auprès des personnes souffrant de lésions de la moelle épinière», explique le neuroscientifique lausannois Grégoire Courtine. Il espère que les cliniques de rééducation du monde entier pourront un jour intégrer cette approche de manière simple et efficace dans leurs protocoles thérapeutiques existants.
Cette technologie repose sur des capteurs sans fil qui enregistrent en temps réel les mouvements des membres et ajustent la stimulation en conséquence. Ce système permet ainsi une rééducation flexible et personnalisée, adaptée aux besoins spécifiques de chaque patient.
Concrètement, le système repose sur une stimulation épidurale biomimétique, où les impulsions électriques reproduisent les signaux nerveux naturels. Cette approche vise à améliorer la coordination musculaire et à restaurer des mouvements plus fluides.
Le dispositif a déjà été testé dans des centres de rééducation, mais aussi en dehors du cadre clinique: des volontaires ont, par exemple, pu s'entraîner avec un déambulateur ou faire du vélo.
Le cluster formé autour de NeuroRestore et des universités lausannoises s’est distingué à plusieurs reprises ces dernières années par des avancées scientifiques porteuses d’espoir pour les personnes atteintes de paralysie médullaire.
En décembre 2024, l’équipe de recherche lausannoise a révélé une découverte majeure: la stimulation ciblée d’une région spécifique du cerveau permettrait aux paraplégiques partiels d’améliorer leur capacité à marcher. Après des tests préliminaires sur des animaux, des électrodes ont été implantées dans l'hypothalamus latéral de deux patients atteints de paraplégie partielle, permettant ainsi une stimulation électrique directe de cette zone cérébrale.
Selon l’étude publiée dans «Nature Medicine», cette approche a significativement amélioré la marche des participants. Le premier patient a vu la distance parcourue sur un parcours donné passer de 26 à 32 mètres, tandis que le second l’a augmentée de 40 à 81 mètres, témoignant ainsi du potentiel de cette thérapie innovante.
Un an plus tôt,
en novembre 2023, des chercheurs de l’EPFL et du CHUV avaient déjà marqué une avancée majeure en parvenant à atténuer les troubles de la marche chez un patient atteint de la maladie de Parkinson grâce à une neuroprothèse. Un homme de 63 ans avait alors reçu un implant dans la moelle épinière, lui permettant de retrouver une démarche fluide et stable. Selon l’étude publiée dans «Nature Medicine», cette intervention lui a permis de marcher sans chutes.
A propos de Jocelyne Bloch