Injections amaigrissantes: efficacité prouvée, mais par qui?

Tirzepatide, sémaglutide, liraglutide: tous favorisent une perte de poids notable chez les personnes obèses. Or, la plupart des études proviennent des fabricants eux-mêmes. Face aux potentiels conflits d'intérêts, des études indépendantes à long terme s'avèrent nécessaires.

, 3 novembre 2025 à 23:30
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Image symbolique: Sweet Life / Unsplash
Les médicaments tels que Wegovy, Ozempic ou Mounjaro sont aujourd’hui considérés comme porteurs d’espoir dans la lutte contre l’obésité. Trois nouvelles revues Cochrane, réalisées à la demande de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), montrent désormais que ces «injections amaigrissantes» entraînent effectivement une perte de poids médicalement pertinente.
«Ces médicaments peuvent entraîner une perte de poids significative, en particulier au cours de la première année», explique Juan Franco, de l’Université Heinrich Heine de Düsseldorf, directeur de la Cochrane Evidence Synthesis Unit, dans un communiqué. Après des décennies de tentatives infructueuses pour trouver des traitements efficaces contre l’obésité, il s’agit là d’«un progrès remarquable».

Perte de poids importante

Ces médicaments agissent en modulant la régulation de l’appétit. Le liraglutide et le sémaglutide appartiennent à la classe des agonistes des récepteurs du GLP-1, tandis que le tirzepatide agit également sur le récepteur du GIP.
Principaux résultats:
  • Tirzepatide: dans huit études (6 361 participants), une réduction de poids d’environ 16% a été observée après 12 à 18 mois. Le niveau de preuve est toutefois considéré comme modéré, en raison d’éventuelles distorsions dans les études menées par les fabricants. Les données à long terme sur la sécurité font largement défaut.
  • Sémaglutide: dans 15 études (8'651 participants), les sujets ont perdu en moyenne 11% de leur poids corporel, un résultat jugé particulièrement fiable. Deux études supplémentaires menées auprès de près de 18'000 patients à haut risque indiquent une légère réduction du taux d’événements cardiovasculaires graves, mais celle-ci est jugée peu pertinente sur le plan clinique.
  • Liraglutide: la base de données est moins solide. Après environ 68 semaines, 64% des participants ont atteint une perte de poids d’au moins 5%, contre 30% sous placebo. L’effet diminue toutefois avec le temps.

Effets secondaires et questions en suspens

Des troubles gastro-intestinaux – tels que des nausées ou des vomissements – sont apparus fréquemment avec tous les médicaments. Dans le cas du sémaglutide, ces effets indésirables ont parfois conduit à l’arrêt du traitement.
Selon les auteurs, plusieurs questions restent sans réponse à ce jour. Ils réclament davantage d’études randomisées et contrôlées sur l’efficacité et la sécurité à long terme de ces traitements, ainsi que sur leurs effets sur la santé cardiovasculaire.
De telles données permettraient de mieux comprendre le rôle que ces médicaments peuvent jouer dans le contrôle du poids à long terme. Des études indépendantes des fabricants restent également nécessaires, «afin de mieux informer les médecins et les responsables politiques du secteur de la santé dans le cadre de leurs décisions».
Les publications originales:

À propos de Cochrane Deutschland
Cochrane Allemagne, dont le siège est à Fribourg, fait partie de la Cochrane Collaboration, une organisation internationale à but non lucratif. Ce réseau de scientifiques indépendants réalise des revues systématiques sur diverses questions médicales et sanitaires, connues sous le nom de « revues Cochrane ». Les chercheurs y résument les études menées à l’échelle mondiale et évaluent leur qualité, afin de créer une base fiable et fondée sur des preuves pour les décisions en matière de médecine et de politique de santé. Depuis sa création en 1993, le réseau a publié environ 9'500 revues Cochrane.

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