Une nouvelle étude menée par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l’Université de Genève (UNIGE) jette les bases de ce qui pourrait un jour constituer de nouvelles directives pour le traitement du carcinome hépatocellulaire.
Son objectif: identifier la stratégie la plus efficace pour prévenir les récidives du cancer lorsque l’hépatectomie est cliniquement indiquée. Comment? En déterminant l’ordre d’administration le plus favorable entre immunothérapie et chirurgie.
Le carcinome hépatocellulaire, forme la plus fréquente de cancer du foie, touche 960 nouvelles personnes par an en Suisse, et 720 patients en décèdent chaque année, selon l’Office fédéral de la statistique. Il s’agit de la cinquième cause de décès par cancer dans le pays.
Prévenir le risque de récidive
L'immunothérapie par inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI), qui stimule le système immunitaire pour lutter contre la tumeur, donne des résultats particulièrement prometteurs, avec des cas de disparition complète des tumeurs. Cette approche est ainsi de plus en plus reconnue comme traitement de première intention pour le carcinome hépatocellulaire. Cependant, l’ICI seule n’offre pas toujours une solution durable: l’arrêt du traitement peut entraîner une récidive du cancer, rendant parfois nécessaire le recours à une hépatectomie.
Or, la récidive demeure un défi majeur après la chirurgie, touchant plus de 40% des patients dans les trois ans suivant la résection.
L'immunothérapie: avant, ou après la chirurgie?
L’équipe du laboratoire Transplantation et hépatologie, dirigée par Christian Toso, professeur à l’UNIGE et médecin-chef du Service de chirurgie viscérale des HUG, a cherché à déterminer comment combiner au mieux ces deux approches thérapeutiques. En d’autres termes: l’immunothérapie est-elle plus efficace lorsqu’elle est administrée avant la chirurgie (en néoadjuvant) ou après (en adjuvant)?
Les résultats de leur étude, menée sur un modèle murin, ont été récemment publiés dans la revue internationale «Hepatology».
Vers une réduction du taux de récidive
Le traitement adjuvant par ICI s'est révélé moins efficace que le traitement néoadjuvant pour réduire la charge tumorale et prévenir les récidives après une hépatectomie – laissant entrevoir une nette perte d'efficacité. «Cette perte d’efficacité est corrélée à une infiltration réduite dans la tumeur des lymphocytes T cytotoxiques, acteurs principaux dans l’immunité anti-tumorale, mais également à un niveau d’activation réduite de ces cellules», explique l'UNIGE dans un communiqué, soulignant que l'inflammation liée à la chirurgie a joué un déterminant.
À l’inverse, le traitement néoadjuvant par ICI a montré des résultats bien plus prometteurs: réduction de la charge tumorale, amélioration de l’infiltration des cellules immunitaires et augmentation de l’expression des marqueurs d’activation clés des lymphocytes T cytotoxiques.
Cette approche a également permis de réduire considérablement le taux de récidive par rapport au traitement simulé (35% contre 68%, p = 0,0405) et d’améliorer la survie (p = 0,0373).
- Bouguerra, Roqiya; El Hajji, Sofia; Wassmer, Charles; Bakaric, Arnaud; Slits, Florence; Moeckli, Beat; Rubbia-Brandt, Laura; Lacotte, Stéphanie; Toso, Christian. «Hepatectomy alters adjuvant anti-PD-1 action in a mouse model of HCC but does not compromise neoadjuvant efficacy», dans «Hepatology», octobre 2025.
- DOI: 10.1097/HEP.0000000000001575