«On aime aller voir ailleurs ce qu'il se passe»

La nouvelle alliance avec la Mayo Clinic offre une source d'inspiration pour Swiss Medical Network, sans pour autant compromettre l'identité du groupe. Stanley Hautdidier, directeur de la Clinique de Genolier, aborde les notions d'identité et de partage d'expertise.

, 15 mai 2025 à 06:14
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«On a l’habitude de travailler en réseau»: Stanley Hautdidier, directeur général de la Clinique de Genolier et chef de région Vaud pour Swiss Medical Network
«On aime s’ouvrir, on aime questionner, on aime aller voir ailleurs ce qui se passe.» C’est avec ces mots que Stanley Hautdidier, directeur général de la Clinique de Genolier, explique l’enthousiasme immédiat des cliniques du groupe Swiss Medical Network (SMN) à adhérer au Mayo Clinic Care Network – réseau de l'institution américaine de renommée mondiale.
Dès les prémices du projet, les directions des cliniques, dont celle de Genolier, auraient vivement appuyé l'initiative, explique Hautdidier lors d'un entretien avec Medinside.
Plusieurs établissements du réseau – Genolier, Bethanien, Sant’Anna et Swiss Visio Network – sont aux avant-postes de cette alliance stratégique. «Nous avons identifié certaines spécialités prioritaires pour ce partenariat: l’oncologie, l’ophtalmologie et les check-ups, domaines dans lesquels nous avons déjà une expertise que nous souhaitons renforcer», précise Hautdidier. À Genolier, l’oncologie représente environ 40% de l’activité, faisant de ce domaine un élément clé pour le développement de l'établissement.
Point notable sur lequel Hautdidier revient à son tour: SMN est attentif à ce qui se passe ailleurs, en Suisse comme à l’international. Mais le groupe s’en inspire seulement, «on ne copie pas».

Une culture de réseau

Le groupe SMN, qui fonctionne déjà en réseau à l’échelle du pays, entend permettre à chaque clinique de bénéficier du partenariat selon ses propres besoins. «L’objectif est que tout le monde en profite de la même manière, même si chacun y puisera ce qui est le plus pertinent pour ses patients», précise Stanley Hautdidier.
La collaboration devrait poursuivre et renforcer la dynamique déjà en place. «SMN, c’est déjà un réseau. On a l’habitude de travailler en réseau. Il y a déjà beaucoup d’échanges entre les différentes cliniques et les différentes régions linguistiques – par exemple, les tumor boards communs à plusieurs institutions.» Ce partenariat, dit-il, «va ne faire que renforcer finalement cette collaboration».
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Stanley Hautdidier lors d'une présentation de la collaboration avec la Mayo Clinic, Genolier, 6 mai 2025 | Image: Nuno Acacio
Et si la langue peut soulever quelques craintes, des solutions concrètes semblent être prévues: «On va pouvoir apporter aussi des outils qui vont permettre aux médecins qui maîtrisent peut-être moins la langue de Shakespeare de pouvoir s’exprimer, se faire comprendre facilement.»
Dans un contexte où les établissements privés rivalisent d'expertise, Stanley Hautdidier affirme sans détour: «Ce n’est pas une question de prix. C’est une question vraiment de compétence et qualité des soins. Aujourd’hui, vous envoyez un patient chez un confrère ou un patient va dans un établissement, voir un médecin, si vous êtes certain ou certaine que la prise en charge est la meilleure et la plus optimale possible.»
Le groupe espère également renforcer sa visibilité et son image auprès des patients et des professionnels à travers cette adhésion. «Je pense que c'est toujours un élément extrêmement positif de pouvoir annoncer qu'un patient d'un médecin traitant de la région, envoyé à la Clinique de Genolier, peut aussi bénéficier de l'expertise du réseau de la Mayo Clinic. C'est un énorme avantage pour nous», estime-t-il. Et de conclure: «Si on peut améliorer la qualité de la prise en charge et améliorer notre image, on sera parfaitement gagnant de ce partenariat.»

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Swiss Medical Network

Le groupe privé de cliniques et de soins de santé Swiss Medical Network gère 21 cliniques réparties dans 15 cantons suisses et dispose d’environ 1'500 lits d’hôpital. Il emploie quelque 4'100 personnes et compte 2'300 médecins dans son réseau. Une soixantaine de centres médicaux ainsi que plus de 20 centres d’ophtalmologie, regroupés sous le nom de Swiss Visio, font également partie de Swiss Medical Network. Le groupe est détenu à 80% par Aevis Victoria, une société fribourgeoise cotée en bourse, qui exploite également des hôtels de luxe tels que le Victoria-Jungfrau à Interlaken et le Bellevue Palace à Berne.

La Mayo Clinic en 10 points

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La Mayo Clinic à Rochester | Image: Wikimedia Commons
1. Number One. La Mayo Clinic se classe toujours en tête des rapports sur les meilleurs hôpitaux du monde ou des États-Unis. Cette année, elle se hisse à nouveau à la première place du classement «World's Best Hospitals 2025» de «Newsweek». La Mayo Clinic a également décroché la première place dans les sous-catégories de chirurgie cardiaque, cardiologie, endocrinologie, gastroentérologie, neurologie, neurochirurgie et pneumologie, et la deuxième place en orthopédie et en urologie.
2. 75'000 personnes. La Mayo Clinic a vu le jour à Rochester, Minnesota, et trouve ses racines dans les années 1860. Les principaux hôpitaux du groupe se trouvent désormais à Rochester, à Scottsdale (Arizona) et à Jacksonville (Floride). Le groupe emploie actuellement quelque 75'000 personnes et réalise un chiffre d'affaires de près de 20 milliards de dollars. A Rochester, le groupe Mayo gère en outre sa propre université de médecine.
3. À but non lucratif. La Mayo Clinic ne reverse pas de dividendes: elle réinvestit l'intégralité de ses revenus dans la recherche, l'infrastructure et les soins aux patients. En 2024, la Mayo Clinic a dépensé un total de 1,2 milliard de dollars pour la recherche: environ 500 millions provenaient de ses propres revenus, environ 700 millions étaient des fonds de tiers investis dans les centres de recherche Mayo.
4. Avancées médicales majeures. L'établissement a notamment été à l'origine de plusieurs percées, comme la cryocoupe pour l'analyse des tumeurs et la première opération à machine cœur-poumon. En 1969, la Mayo Clinic a réalisé la première opération de remplacement de la hanche aux États-Unis. En 2001, elle a développé, en collaboration avec Roche, un test rapide pour la détection de l'anthrax.
5. Prix Nobel. En 1950, les médecins de la Mayo Clinic Edward Calvin Kendall et Philip S. Hench ont reçu le prix Nobel de médecine pour leurs découvertes sur la cortisone (conjointement avec le chimiste suisse Tadeus Reichstein, qui menait des recherches dans le même domaine).
6. La qualité plutôt que la quantité. Les médecins de la Mayo Clinic sont rémunérés sur une base exclusivement forfaitaire.
7. Soins intégrés. La Mayo Clinic a misé très tôt sur les soins intégrés et s'est attachée à regrouper des spécialistes de différentes disciplines.
8. Centrée sur le patient. La Mayo Clinic cultive une approche centrée sur le patient, comme en témoigne sa devise: «The needs of the patient come first» – une prise en charge globale qui doit également tenir compte de la situation psychique et sociale des patients.
9. Prestataires locaux de soins primaires. En 1992, le groupe a lancé le Mayo Clinic Health System, un réseau de soins primaires qui compte aujourd'hui une centaine de sites dans les zones rurales du Midwest américain.
10. Rayonnement international. La Mayo Clinic se distingue également par ses soins hospitaliers de pointe, un atout qui attire un public international à Rochester. L'établissement propose notamment des services d'interprétation gratuits pour les patients étrangers.

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