Le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) a présenté mardi sa feuille de route pour les années à venir. Parmi les transformations envisagées, une fait déjà grincer des dents et ravive un débat ancien: l’institution étudie la possibilité de ne maintenir qu’un seul site de soins aigus stationnaires. Celui-ci pourrait se situer à Neuchâtel, à La Chaux-de-Fonds ou, troisième option, être entièrement reconstruit ailleurs.
Une perspective sensible, puisqu’elle va à l’encontre de la votation populaire de 2017. À l'époque, les citoyens neuchâtelois s'étaient prononcés – certes de justesse (53%) – pour le maintien de deux sites de soins aigus.
Des finances sous tension
Pour Philippe Eckert, président du conseil d’administration du RHNe, cette réorganisation répond avant tout à une situation financière critique: «Si l’on veut maintenir deux sites stationnaires de soins aigus, le risque est qu’il n’y ait plus d’hôpital cantonal à Neuchâtel, surtout par manque de soignants, mais aussi de moyens pour le financer», a-t-il prévenu mardi lors d'un conférence de presse.
Et les chiffres sont pour le moins éloquents. L’institution prévoit un déficit de 20 millions de francs pour 2025, après une année 2024 déjà marquée par d'importantes pertes.
En mai, le RHNe expliquait notamment ces difficultés par la nécessité de s'adapter aux enjeux de l'évolution du système de santé. Parmi ces enjeux: la baisse de l’activité stationnaire aiguë (environ 1'000 cas de moins entre 2023 et 2025) et l’occupation croissante des lits en attente de placement, sous-financés mais fortement mobilisateurs de personnel.
Des réformes structurelles déjà engagées
Face à cette situation, plusieurs pistes avaient été présentées dès mai dernier. Le RHNe évoquait notamment le regroupement de secteurs aujourd’hui dispersés, comme la réadaptation, ainsi qu’une séparation plus nette entre activités ambulatoires et stationnaires. «L’objectif est d’améliorer l’efficience des structures actuelles en séparant l’ambulatoire du stationnaire», déclarait alors Philippe Eckert.
La stratégie dévoilée mardi confirme cette direction, avec un objectif affiché de 25 millions d’économies annuelles d’ici 2030.
Moins de lits, une organisation recentrée
Le réseau prévoit une réduction des capacités stationnaires: 410 à 420 lits répartis entre La Chaux-de-Fonds et Pourtalès, contre 434 en 2024. En parallèle, la répartition des prestations sera repensée:
- la réadaptation gériatrique sera rapprochée de la gériatrie aiguë à La Chaux-de-Fonds;
- le site du Locle deviendra un pôle pour les patients en attente de placement ou nécessitant des soins de transition;
- la réadaptation spécialisée sera centralisée à Landeyeux.
Objectif: «gagner en efficience», peut-on lire dans le communiqué.
Accélérer le virage ambulatoire
Le RHNe veut aussi renforcer le maillage ambulatoire, tout en s’appuyant davantage sur le numérique et en améliorant les conditions de travail pour attirer du personnel. D’ici 2030, deux centres ambulatoires urbains devraient voir le jour à Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Ils seront complétés par un réseau de maisons de santé réparties dans tout le canton. Cette réorganisation doit «renforcer la proximité, fluidifier les parcours de soins et soulager les services hospitaliers», précise l’institution.
Sur le volet du personnel, Philippe Eckert rappellait en mai qu’une étape clé sera la renégociation, en 2026, de la CCT Santé 21: «Tout en garantissant d’excellentes conditions à nos collaborateurs, nous devons permettre une certaine souplesse dans l’organisation du travail.»
Une décision politique attendue
Selon le communiqué, les scénarios seront approfondis ces prochains mois avec le Département de la santé, de la jeunesse et des sports, afin de permettre au gouvernement de se prononcer. Le RHNe estime qu’«une décision rapide» est indispensable pour planifier la transition et adapter l’institution au financement hospitalier actuel.
Interview de Frédéric Mairy, conseiller d'État neuchâtelois en charge de la Santé, dans l'émission «Forum» de la «Radio-Télévision Suisse», 2 décembre 2025