Les députés neuchâtelois du Grand Conseil ont rejeté, le 21 janvier 2025, une proposition du groupe VertPOP visant à garantir dans chacune des régions un centre offrant des soins de premier recours, voire des urgences disponibles 24h sur 24h, s’appuyant sur le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe).
Ils ont toutefois accepté un postulat de la Commission Santé pour un accès aux soins de premier recours adapté aux besoins de la population.
Rétrospective
Un projet de loi, proposé par Adriana Ioset (POP) en octobre 2023, avait déclenché de nombreux débats. Face à la situation de la policlinique de Couvet – contrainte de fermer son accueil nocturne durant l’été 2023 en raison d’un manque de personnel – le groupe VertPOP proposait d’impliquer le RHNe pour garantir, dans chaque région du canton, un centre offrant des soins de premier recours et ambulatoires, accessible en transports publics.
«Il y a une inégalité entre Neuchâtelois selon leur lieu d'habitation. En pédiatrie par exemple, un enfant est plus en danger si on n'habite pas en ville de Neuchâtel. Le groupe VertPOP a peur d'une privatisation de la santé et que des prestations soient transférées à des entreprises privées qui ne respectent pas la CCT-21», expliquait Adriana Ioset.
Refus du Grand Conseil
Le groupe avait déjà essuyé un premier refus de la Commission de la santé en décembre 2024, malgré une modification du texte supprimant la mention des urgences 24 heures sur 24, mention qui aurait engendré d’importants coûts supplémentaires.
- L'imprécision du terme «région»;
- Les risques d’une importante charge budgétaire pour l’État;
- Une vision «hospitalo-centrée» du système de soins;
- Une sous-estimation des besoins en personnel, nécessitant une allocation optimale des ressources.
Le
21 janvier 2025, le Grand Conseil a rejeté le projet législatif d’Adriana Ioset par 76 voix contre 12, avec 11 abstentions.
La majorité a dénoncé «le caractère impératif de l’ancrage de nouvelles prestations d’urgence et de premier recours pour le RHNe, dans un contexte de pénurie de personnel soignant spécialisé», a expliqué la socialiste Anne Bramaud du Boucheron. Par ailleurs, les conséquences financières pour le RHNe et l’État ont également été pointées: l’hôpital public ne devrait pas être le seul à porter la responsabilité des soins de premier recours, alors que d’autres acteurs du réseau sanitaire pourraient y contribuer.
Adoption d’un postulat alternatif
Le Grand Conseil a toutefois adopté, sans opposition, un
postulat demandant une analyse des «possibilités d'accès aux soins de premier recours pour les habitants du canton».
Il n’est pas question de fermer la policlinique de Couvet ni de privatiser les établissements publics, a précisé Frédéric Mairy, Conseiller d’État en charge de la Santé. Toutefois, face aux problématiques liées à la pénurie de personnel et à l’engorgement des urgences, il a souligné l’importance du rôle des acteurs privés et des médecins généralistes. «Il apparaît nécessaire d'améliorer le maillage de l'ensemble du territoire et de sortir d'une vision hospitalo-centrée», a-t-il ajouté.
Ces discussions dépassent les spécificités de certains établissements: «Le débat concerne tout le système de santé et dépasse le cadre du Val-de-Travers», a affirmé le Conseiller d’État à la Santé.
Quant aux orientations stratégiques du RHNe 2025–2030, en lien avec la LRHNe, elles sont attendues d’ici à la fin juin.