Le Valais opère un virage stratégique: pour la première fois, il planifie les soins de longue durée sur dix ans, contre quatre ans jusqu'ici. Pourquoi? Le canton anticipe une croissance de 36% de la population âgée de 65 ans et plus et de 55% de celle des 80 ans d’ici 2035. Sa population est par ailleurs déjà, en moyenne, plus âgée que celle du reste du pays.
Le canton s’y intéresse non seulement au dimensionnement futur des lits en établissements médico-sociaux (EMS), mais aussi aux alternatives: développement des appartements à encadrement médico-social, renforcement des soins à domicile et consolidation des structures intermédiaires, telles que les lits de court séjour en EMS et les unités de soins de jour.
Soins à domicile: oui, mais pas pour tous les profils
Si les soins à domicile semblent gagner du terrain partout en Suisse, le Valais fait le choix de renforcer largement les EMS. Pour les situations nécessitant des soins de niveau moyen à élevé, l’EMS demeure plus efficient et moins coûteux que le maintien à domicile, expliquent les autorités.
«Le nombre de lits d’EMS augmenterait cependant moins rapidement que celui des personnes âgées», nuancent-elles toutefois. «Une telle évolution ne sera soutenable que si l’offre en appartements à encadrement médico-social, intégrée pour la première fois dans cette planification, augmente de manière à pouvoir y héberger entre 664 et 1'305 personnes supplémentaires.»
Ces appartements présentent l’avantage d’offrir une prise en charge plus efficace, les soins étant concentrés dans un même périmètre, tout en réduisant les déplacements des professionnels.
Considérées comme essentielles pour soutenir les proches aidants et fluidifier les trajectoires de soins, les structures intermédiaires seront elles aussi renforcées. La planification prévoit jusqu’à 161 lits de court séjour en EMS et 348 places de soins de jour à l’horizon 2035.
EMS: plus coûteux en investissements, moins chers à l'exploitation
Les régions disposeront d'une certaine marge de manœuvre: elles pourront choisir leur trajectoire entre renforcement des EMS ou accent mis sur l’aide et les soins à domicile, dans les limites fixées par les taux minimal et maximal de prestations.
Selon le scénario retenu, les contributions publiques d’exploitation atteindraient en 2035 entre 69 millions (orientation EMS) et 94 millions de francs (orientation domicile), soit une croissance annuelle moyenne de 4 à 5,1% entre 2023 et 2035 (hors inflation).
Les subventions d’investissement devraient, elles, se situer entre 12 millions (orientation domicile) et 15 millions de francs (orientation EMS) par an, contre une moyenne de 8 millions ces quinze dernières années.
Ainsi, une stratégie orientée EMS, bien que plus coûteuse en investissements (+3 millions par an), reste moins onéreuse en exploitation (–25 millions en 2035), les économies «compensant largement les dépenses en question», concluent les autorités valaisannes.