Dans une lettre envoyée en pleine période estivale, le canton de Vaud a annoncé plusieurs millions de francs de
coupes budgétaires dans le secteur hospitalier. Une mesure qui touche directement les établissements de santé régionaux, dont le
Pôle Santé Vallée de Joux (PSVJ).
L’établissement, qui dessert une région périphérique du canton, pourrait être contraint de cesser ses activités stationnaires et ambulatoires. Une perspective inquiétante pour la population locale, pour qui le PSVJ constitue le seul accès de proximité à des soins hospitaliers et spécialisés. Si la situation reste incertaine, l’institution revient en détail sur les réalisations menées en 2024 et dresse le
bilan de l'année écoulée.
Créé en 2018, le Pôle Santé Vallée de Joux propose une offre intégrée et unique dans la région: un hôpital, un établissement médico-social et une organisation d’aide et de soins à domicile. Il assure également des prestations de soins aigus et préhospitaliers – dont un service d’urgence 24h/24 et un bloc opératoire – ainsi que des soins ambulatoires. Le Pôle emploie aujourd’hui 250 collaboratrices et collaborateurs et couvre des spécialités allant de la chirurgie à la pédiatrie, en passant par la cardiologie ou encore l’ophtalmologie.
En interne, le PSVJ a mené début 2024 une enquête de satisfaction auprès de ses employés, en collaboration avec l’entreprise Qualintra. Les résultats ont été jugés très positifs, avec un Net Promoter Score (NPS) de 23, un chiffre supérieur à la moyenne suisse située entre -20 et 20.
Scanner, nouveau laboratoire, pédiatrie...
L’année écoulée a été marquée par le renforcement du plateau technique du Pôle, avec la mise en service d’un nouveau scanner et d’un laboratoire, ainsi que par la modernisation du bloc opératoire. Ce renforcement s’est accompagné du développement de l’offre en soins aigus, notamment «la réalisation d’interventions chirurgicales complexes qui n’avaient jusqu’ici jamais eu lieu à l’hôpital de la Vallée», souligne Surennaidoo Naiken, directeur médical du Pôle, dans le rapport annuel.
Parmi les autres avancées notables: l’arrivée d’un pédiatre et l’ouverture d’une consultation spécialisée en pédiatrie, ainsi que la nomination d’un nouveau directeur des soins. L’institution a également pu poursuivre le développement de projets d’envergure, comme le futur «Campus Vallée de Joux» ou encore la création d’un centre d’endoscopie.
Accroissement de l'activité ambulatoire
Si le nombre d’hospitalisations est resté stable en 2024, plusieurs indicateurs témoignent d’une tendance vers une prise en charge plus courte et plus ciblée. Le nombre de jours d’hospitalisation a ainsi légèrement diminué, tout comme la durée moyenne des séjours.
Autre point particulièrement marquant: le nombre de lits en attente de placement en EMS – une problématique rencontrée par de nombreux établissements suisses – a considérablement baissé, passant de 439 en 2023 à 221 en 2024. Une avancée qui met en lumière les capacités du Pôle en matière de coordination entre les structures de soin.
Mais c’est surtout du côté de l’ambulatoire que la croissance est la plus visible: près de 1'000 prises en charge supplémentaires ont été enregistrées. En physiothérapie, le nombre de séances est passé de 7’407 à 9’747, tandis que les consultations diététiques ont presque doublé en un an.
Un résultat net en amélioration
Sur le plan financier, le PSVJ a terminé l’année 2024 avec un résultat net de -393’181 francs, en légère amélioration par rapport à 2023 (-408’142 francs). Le total des recettes s’élève à environ 20 millions de francs, dont 34,7% proviennent des subventions cantonales, 16,8% de l’ambulatoire, 17,5% des soins aigus, et 24% de l’hébergement.
Si les recettes ambulatoires ont significativement progressé, les charges – notamment celles liées au personnel, à l’énergie ou à l’entretien – ont également augmenté. Le résultat d’exploitation brut s’est creusé (-739’359 francs), mais a été en partie compensé par les produits hors exploitation, notamment 2,2 millions de francs de dons et 1,9 million de dissolution de fonds de réserve. Le résultat total des charges et produits hors exploitation s’élève ainsi à 346’178 francs, contre 47'770 en 2023.
Un avenir en suspens
Malgré une dynamique positive et des investissements conséquents, le PSVJ reste à la croisée des chemins. La décision du canton de réduire les subventions pourrait mettre en péril la continuité de ses activités et, avec elle, l’accès aux soins pour une population géographiquement isolée.
Alors que les
autorités cantonales poursuivent leurs arbitrages budgétaires, la mobilisation locale demeure forte pour préserver ce modèle de soins intégrés et de proximité.