Quelle est la qualité réelle de la prise en charge du cancer du sein en Suisse? Une nouvelle évaluation, menée par l'Organe national d’enregistrement du cancer (ONEC) en collaboration avec la Société suisse de sénologie, fournit pour la première fois des données probantes à l’échelle du pays, et attribue au système de santé suisse une «qualité élevée» en matière de diagnostic et de traitement du cancer du sein.
Le cancer du sein est, après celui de la prostate, le deuxième cancer le plus fréquent en Suisse: chaque année, environ 6'800 femmes et 60 hommes en sont atteints, et 700 autres personnes reçoivent un diagnostic préliminaire. Avec 111 nouveaux cas pour 100'000 habitants, la Suisse se situe dans la moyenne européenne.
En comparaison avec le reste du continent, le pays présente des taux de mortalité faibles et des chances de survie élevées:
- Chaque année, environ 1'350 personnes meurent d’un cancer du sein.
- Un an après le diagnostic, 98% des personnes atteintes sont encore en vie, comparativement à la population générale.
- Le taux de récidive durant la première année n’est que de 1%.
L'analyse porte sur plus de 20'000 cas déclarés entre 2020 et 2022, dont des lésions précancéreuses du sein. Elle examine la fréquence, la mortalité, l'évolution de la maladie, ainsi que la qualité du diagnostic et du traitement.
Globalement, en Suisse, le cancer du sein est le plus souvent détecté à un stade précoce (83% au stade I ou II). Il est découvert presque aussi souvent en raison de symptômes (49%) que lors d'examens de dépistage (45%).
Une détection précoce efficace
Une différence notable apparaît toutefois entre les programmes de dépistage organisés et les examens individuels: lors de programmes cantonaux, 64% des diagnostics sont posés au stade le plus précoce (stade I), contre seulement 44% en dehors de ces programmes.
Source: Rapport détaillé sur le diagnostic et la thérapie du cancer du sein en Suisse 2020–2022, Organe national d'enregistrement du cancer (ONEC)
Selon l'ONEC, la mise en place de programmes de dépistage généralisés, assortis d’un taux de participation élevé, joue un rôle décisif: elle permet de détecter davantage de tumeurs à un stade précoce. Un tel dépistage augmente les chances de guérison et permet de recourir à des traitements moins invasifs et moins éprouvants.
Tumor boards: pas encore la norme partout
D’après le rapport, le traitement du cancer du sein en Suisse est dans l’ensemble conforme aux directives. Une intervention chirurgicale est pratiquée dans 88% des cas, souvent associée à une thérapie systémique ou locale.
Dans environ 85% des situations, la décision thérapeutique est prise lors d’une réunion interdisciplinaire (tumor board). L'ONEC appelle toutefois à renforcer les efforts dans ce domaine: «Chaque nouveau diagnostic de cancer du sein devrait être discuté au sein d’un comité spécialisé, afin que davantage de patientes et de patients puissent bénéficier d’un traitement conforme aux directives.»