Dépistage par mammographie: les radiologues tirent à leur tour la sonnette d'alarme

Avec le passage au Tardoc et une baisse tarifaire prévue de 60%, les programmes de dépistage du cancer du sein sont menacés. La Société suisse de radiologie (SGR-SSR) et la Société suisse de sénologie (SGS) appellent à un revirement immédiat de la politique de santé.

, 11 juillet 2025 à 09:12
image
Mammographies: comment parvenir à détecter les tumeurs du sein, si possible à un stade précoce ?
Les programmes de dépistage par mammographie, qui ont fait leurs preuves en Suisse, sont sur le point de disparaître – du moins selon les sociétés spécialisées. Dans un communiqué de presse commun, la Société suisse de radiologie (SGR-SSR) et la Société suisse de sénologie (SGS) dénoncent une «mauvaise décision de politique de santé aux conséquences fatales».
En cause: la résiliation des contrats conclus dans toute la Suisse à la suite du passage de Tarmed à Tardoc, ainsi que la baisse tarifaire de près de 60% qui en résultera à partir de janvier 2026. Cette baisse pourrait sonner le glas de nombreux programmes de dépistage existants, s'inquiètent les sociétés. Pis encore: plusieurs cantons ne disposent d'aucun programme de dépistage organisé par mammographie.
«Le dépistage par mammographie doit être assuré et développé en tant que pilier indispensable de la prévention et du dépistage précoce du cancer du sein en Suisse.»
Les sociétés spécialisées parlent d’une «évolution dévastatrice en termes de politique de santé» et demandent aux responsables politiques et aux assureurs «d’informer la population des conséquences dramatiques».

«Inacceptable»

En Suisse, une femme sur huit développe un cancer du sein au cours de sa vie. Cette pathologie reste la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Pour cette raison, les sociétés spécialisées demandent non seulement le maintien, mais aussi le renforcement des programmes de dépistage. À leurs yeux, un retour en arrière serait «inacceptable d’un point de vue médical et éthique».
Elles invitent donc les décideurs politiques et les assureurs à «réfléchir aux conséquences importantes de ces décisions et à corriger le tir».

Preuves scientifiques sur le dépistage par mammographie

  • Allemagne (niveau fédéral): juillet 2025: Le dépistage par mammographie a permis de réduire significativement la mortalité par cancer du sein chez les femmes âgées de 50 à 69 ans, selon une évaluation commandée par l’Office fédéral de la radioprotection. Le taux de mortalité chez les participantes était inférieur de 20 à 30% à celui des non-participantes.
  • Suisse (intercantonal): Gutzeit et al. (octobre 2024). Les cantons ne disposant pas de programme organisé de dépistage présentent une plus grande proportion de tumeurs de grande taille, souvent accompagnées de métastases ganglionnaires — un facteur lié à de moins bons pronostics et à des traitements plus aggressifs.
  • Suisse (canton de St. Gallen): Morant et al. (mai 2024). Dix ans de dépistage organisé ont permis de détecter les tumeurs mammaires majoritairement à un stade précoce, réduisant ainsi le recours à la mastectomie et, surtout, à la chimiothérapie.
  • Suède: Duffy et al. (juin 2021). L'étude, menée sur plus de 500’000 femmes, montre qu’un dépistage régulier permet de réduire la mortalité liée au cancer du sein d’environ 50 %. Après dix ans, les femmes non dépistées présentaient un taux de mortalité deux fois plus élevé.

Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

Programmes de dépistage du cancer: une lueur à l'horizon

Les négociations entre Prio.Swiss, Swiss Cancer Screening et les communautés d'achat ont permis de trouver une solution forfaitaire pour les programmes de dépistage du cancer du sein. Celles concernant le dépistage du cancer colorectal sont encore en cours.

image

Cancer de la prostate: les tests PSA permettent de réduire la mortalité à long terme

La plus grande étude européenne jamais menée sur le dépistage par PSA dresse un bilan après 23 ans: il permet de réduire de 13% la mortalité liée au cancer de la prostate. Selon les experts, il est désormais essentiel de mettre en place un dépistage ciblé, personnalisé et basé sur les risques.

image

Les programmes de dépistage permettent de détecter les cancers du sein les plus précoces

L'Organe national d'enregistrement du cancer a évalué plus de 20'000 cas de cancer du sein et livre ses conclusions sur l’efficacité du dépistage et des «tumor boards».

image

À Zurich, l'hôpital pédiatrique allie diététique et médicaments pour lutter contre le cancer

Un régime sans arginine ni proline modifie le métabolisme des cellules neuroblastiques, qui perdent leur capacité à se diviser de manière incontrôlée. Associée au DFMO, cette approche ouvre de nouvelles perspectives en oncologie pédiatrique.

image

Swiss Bridge Award 2025: Zurich et Berlin se partagent un demi million

Andreas Moor (ETHZ) et Inmaculada Martínez Reyes (DKFZ/Charité Berlin) reçoivent chacun 250'000 francs pour leurs travaux sur les traitements anticancéreux ciblés, allant des molécules «intelligentes» aux cellules immunitaires personnalisées.

image

UNIGE: l’IA au service du dépistage du cancer colorectal

Des chercheurs genevois ont mis au point une méthode capable de détecter le cancer colorectal grâce à l’analyse du microbiote intestinal et à l’intelligence artificielle – avec une précision comparable à celle d’une coloscopie.

Du même auteur

image

Septième cas mondial de rémission du VIH après une greffe de cellules souches

Un sexagénaire est considéré guéri du VIH. Selon des scientifiques berlinois, son cas est d’autant plus remarquable que les cellules souches transplantées n’étaient pas résistantes au virus.

image

Épilepsie et mort subite: «Une révolution culturelle s'impose»

Philippe Ryvlin, neurologue au CHUV, a identifié deux nouveaux facteurs de risque majeurs du décès soudain d’une personne atteinte d'épilepsie sans cause apparente. Interview.

image

Embouteillage pour l'obtention d'un titre: l'ISFM réduit les frais de moitié avec effet rétroactif

Suite aux interventions de plusieurs associations, l’ISFM réagit en réduisant temporairement de moitié les frais d’obtention d’un titre, avec effet rétroactif. Cette concession ne marque toutefois pas la fin du problème, bien au contraire.