Éclairer les germes contre la résistance aux antibiotiques

Des chercheurs de l’Empa ont mis au point un revêtement biocompatible capable de détruire les agents pathogènes – grâce à la lumière infrarouge.

, 13 octobre 2025 à 23:00
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Les chercheurs Paula Bürgisser et Giacomo Reina du laboratoire «Nanomaterials in Health» à Saint-Gall | Image: Empa
Les germes résistants constituent l'un des plus grands défis pour les hôpitaux. Malgré une désinfection régulière, les bactéries et les virus peuvent rapidement se réinstaller sur les surfaces. Des chercheurs de l'Empa à Saint-Gall ont désormais développé un matériau qui pourrait remédier à ce problème: une couche de plastique biocompatible pouvant être activée par lumière infrarouge et tuant les agents pathogènes.
G Reina, D Panáček, K Rathammer, et al.: «Light Irradiation of N-Doped Graphene Acid: Metal-Free Strategy Toward Antibacterial and Antiviral Coatings with Dual Modes of Action», dans: «EcoMat», mai 2025. DOI: 10.1002/eom2.70009
«Le nouveau matériau est conçu de manière à tuer localement et rapidement les micro-organismes», explique Giacomo Reina, chercheur à l'Empa, dans un communiqué. Intégré dans une matrice plastique, l'acide graphénique utilisé déploie une double action lorsqu'il est exposé à la lumière infrarouge: la chaleur et les radicaux d'oxygène détruisent les bactéries et les virus. Contrairement aux antibiotiques, ce mécanisme n'agit pas sur les voies de résistance connues, ce qui constitue un avantage décisif dans la lutte contre les germes multirésistants.

L'hygiène hospitalière – et ses limites

Dans les hôpitaux et les maisons de retraite, les surfaces sont jusqu'à présent nettoyées à l'aide de désinfectants chimiques. Ceux-ci permettent d'éliminer de manière fiable une grande partie des germes, mais pas tous. De plus, leur effet n'est que de courte durée: après quelques heures seulement, bactéries et virus peuvent à nouveau se développer, en particulier sur les surfaces fréquemment touchées telles que les poignées de porte, les cadres de lit ou les pompes à perfusion. L'utilisation intensive de produits chimiques n'est pas non plus sans poser de problèmes pour le personnel et l'environnement.
«De telles solutions nouvelles et innovantes offriront une grande valeur ajoutée aux patientes et aux patients.» Ronald Jung, Université de Zurich
Dans la pratique, le matériau développé par l'Empa pourrait donc constituer une protection supplémentaire. Les surfaces des zones à haut risque telles que les salles d'opération, les unités de soins intensifs ou les maisons de retraite sont particulièrement intéressantes. La couche pourrait être réactivée à plusieurs reprises par la lumière et offrirait ainsi un effet antimicrobien à plus long terme.

Première application en médecine dentaire

En collaboration avec le Centre de médecine dentaire de l'Université de Zurich, les chercheurs développent une gouttière dentaire pouvant être activée de l'extérieur à l'aide d'une lumière infrarouge. L'objectif est de contrôler les germes résistants dans la cavité buccale. En effet, les antibiotiques et les désinfectants pénètrent difficilement dans les biofilms résistants qui s'y trouvent. Le directeur de la clinique, Ronald Jung, se montre optimiste: «De telles solutions nouvelles et innovantes offriront une grande valeur ajoutée aux patientes et aux patients.»
Cette technologie n’en est qu’à ses débuts, mais elle ouvre de vastes perspectives: un revêtement écologique et réutilisable, capable de garder les surfaces – et peut-être même certains implants – exempts de germes, sans favoriser l’émergence de nouvelles résistances.
  • soins aigus
  • Résistance aux antibiotiques
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