DEP: obligatoire en Allemagne, quasi inexistant en Suisse

En Allemagne, cabinets médicaux et hôpitaux doivent dès à présent enregistrer les données patient dans le dossier médical électronique. En Suisse, c'est encore loin d’être réalité.

, 1 octobre 2025 à 22:02
image
Le patient ne permet aux médecins d’accéder à ses données de santé qu’en présentant sa carte de santé électronique lors d’une consultation | Image: capture d'écran/ ARD
Dès à présent, les cabinets médicaux et les hôpitaux allemands sont tenus de saisir les données des patients dans le dossier médical électronique (ePA). Ce dispositif a été introduit fin avril, après environ 20 ans de développement.
Plus de 93% des cabinets (y compris les cabinets dentaires) et des pharmacies en Allemagne sont désormais techniquement équipés pour travailler avec l’ePA, indique la société d’exploitation Gematik. Depuis le lancement de l’ePA au début de l’année, environ 70 millions de dossiers patients ont été créés pour les assurés.
Pour les patients, l’utilisation reste facultative: ceux qui s’opposent à l’ePA peuvent demander la suppression de leur dossier. Chaque patient décide également quelles données les médecins sont autorisés à consulter.

Et en Suisse?

C'est bien connu: presque personne n'utilise un dossier électronique du patient (DEP) dans notre pays. Selon un article paru dans la «NZZ» en juin dernier, seuls 1,2% des Suisses ont ouvert un DPE jusqu'à présent. Alfred Angerer, professeur de gestion dans le domaine de la santé à la ZHAW, a qualifié la situation de «désolante»: à ce rythme, il faudrait plus de 1200 ans pour que tous les citoyens disposent d’un DPE.
La principale raison de ce retard est le système fédéral: les fournisseurs de prestations doivent s’organiser en «communautés de base» et peuvent choisir leur propre plateforme. Nicolai Lütschg, directeur d’E-Health Aargau, a critiqué dans la «NZZ» la base légale initiale, la jugeant décourageante et trop complexe.
Cela a conduit à un patchwork d’offres déroutant, qui n’apporte aucun avantage immédiat à de nombreux professionnels, alors que les investissements dans l’informatique et les nouveaux processus restent élevés.
La Confédération prévoit désormais une réforme: à l’avenir, il n’y aura plus qu’une seule plateforme centrale, mise à disposition et développée par l’État. Il faudra toutefois attendre plusieurs années avant que cette solution soit déployée sur l’ensemble du territoire. Le sort des plateformes de DEP existantes reste par ailleurs incertain.
La situation est très différente en Allemagne: l’infrastructure et les normes y sont définies et contrôlées par un seul opérateur, tandis que les caisses d’assurance maladie légales sont responsables de l’ePA de leurs assurés.
Au début de l’année, un dossier médical électronique a été automatiquement mis à disposition de tous les assurés – à moins qu’ils ne s’y soient opposés.
  • tendances
  • Dossier Electronique du Patient
Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

L'EPFL présente ses «Quick Wins» contre les blocages de données

Résultats d’analyses sanguines, radiographies ou données de médication: d’énormes quantités d’informations restent inexploitées. Leur valorisation permettrait pourtant des avancées rapides en recherche, prévention et qualité des soins.

image

La Médaille de la Ligue contre le cancer revient à une spécialiste du lymphome

Rosmarie Pfau, fondatrice de Lymphome.ch, se voit décerner la médaille 2025 pour son engagement en faveur de la représentation des patients, du conseil et de la recherche.

image

De Telereha au développement durable: les lauréats du CSS Quality Award

La caisse récompense chaque année des projets de santé novateurs. Les lauréats de cette nouvelle édition vont de soins à domicile hybrides à la gastronomie hospitalière durable.

image

Trump s'attaque au paracétamol pendant la grossesse – science ou simple polémique?

Trump met en garde les femmes enceintes contre l'analgésique Tylenol – et déclenche ainsi l'indignation dans le monde entier. Que disent réellement les études scientifiques et les autorités sanitaires des deux côtés de l’Atlantique?

image

L’Europe recrute à l’étranger, mais ses soignants s’en vont

D'ici 2030, près d'un million de professionnels de santé manqueront sur le continent. La fidélisation des collaborateurs, un recrutement équitable et une politique migratoire intelligente s'imposent comme des enjeux fondamentaux.

image

Les hôpitaux tessinois EOC remportent la Rose des hôpitaux

Le groupement hospitalier tessinois est récompensé par l’Asmac pour ses mesures innovantes en faveur de la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale des femmes médecins enceintes et des jeunes mères.

Du même auteur

image

Résistance aux antibiotiques: la Confédération veut mieux préparer les hôpitaux

Un hôpital sur deux ne dispose pas d'un programme complet de lutte contre la résistance aux antibiotiques. La Confédération annonce un soutien accru pour la mise en place de mesures adéquates.

image

«Dans le quotidien hospitalier, il ne reste souvent que peu de temps pour les victimes de violence»

En tant qu'infirmière médico-légale, Dominice Häni accompagne les victimes de violence, documente les blessures et préserve les traces.

image

Aevis Victoria envisage un retrait partiel de Swiss Medical Network

La société d'investissement fribourgeoise Aevis Victoria envisage de céder une partie de Swiss Medical Network afin de renforcer l'indépendance de sa filiale santé.