Depuis janvier, plusieurs assurances complémentaires ont cessé de rembourser automatiquement les soins réalisés dans le secteur privé – une situation particulièrement tendue dans le canton de Genève. En cause: un désaccord persistant autour d’un modèle de tarification. Faute d’entente entre assureurs et médecins, les conséquences se multiplient sur le terrain: opérations reportées ou non prises en charge, patients redirigés vers d’autres établissements – voire d’autres cantons – et une pression accrue sur les hôpitaux publics.
Depuis peu, deux des principales cliniques privées de Genève, La Colline et Les Grangettes, appartenant au groupe Hirslanden, peuvent de nouveau accueillir les patients assurés auprès de la CSS et d’Helsana.
Garanties de prise en charge
L’accord, entré en vigueur immédiatement, repose sur le modèle de facturation d’honoraires «Médicalculis» – reconnu par l’Association des Médecins du canton de Genève (AMGe) – et répondant aux exigences de plusieurs assureurs.
«Dès à présent, la CSS et Helsana délivreront des garanties de prise en charge pour tous les patients des médecins agréés qui adhéreront au modèle Médicalculis, au sein de nos établissements», se félicite le groupe Hirslanden dans un
communiqué. Le groupe a déjà conclu des accords similaires avec d’autres assureurs complémentaires, tels qu’Assura, le Groupe Mutuel ou encore Swica. Toutefois, il rappelle que «la prise en charge des patients d’autres assurances reste soumise à conditions. Des discussions sont toujours en cours.»
Une baisse d'activité devenue «insupportable»
Comme le précise la
«Radio Télévision Suisse» (RTS), la solution négociée émane des cliniques et des représentants des médecins. Tous les médecins agréés ne sont toutefois pas tenus de signer ce contrat avec les assurances.
Dans une interview accordée à la RTS,
Marc Saudan, chirurgien et président du comité médical de la Clinique La Colline, fait le point: «La situation s’est enlisée. Il y a eu cette
table ronde initiée par le conseiller d’État, qui était un bon geste d’ouverture. Mais depuis, on traîne un peu.» Et d’ajouter: «Au bout de deux ou trois mois, la direction, avec les actionnaires du groupe Hirslanden, nous a dit: maintenant, c’est fini, on ne peut plus supporter cette baisse d’activité.»
Une solution en demi-teinte pour l'AMGe
Cet accord toutefois vient confirmer une tendance que l’AMGe déplore: celle d’une tarification spécifique à chaque clinique. Pour Marc Saudan, «on peut regretter l’absence d’un accord général au niveau cantonal, mais je pense que toutes les cliniques finiront par trouver un accord avec les assureurs». Un accord global, pourtant, restait la solution privilégiée par l’AMGe.
Du côté des cliniques Hirslanden La Colline et des Grangettes, l’activité a repris à plein régime, et les médecins s’empressent de reprogrammer leurs opérations. «Nous nous réjouissons de ces accords avec la CSS et Helsana, qui permettent de garantir à nouveau une prise en charge complète des patients assurés complémentaires auprès de ces caisses dans nos cliniques», déclare
Sophie Christen Creffield, directrice de la Clinique La Colline et
nouvelle coprésidente de l’association Genève-Cliniques.