L'année 2023 a été marquée par le décès d'un jeune homme, victime d'une overdose de méthadone, alors qu'il était en traitement à la clinique Königsfelden des services psychiatriques d'Argovie. Selon les recherches du
«Tages-Anzeiger», la thérapie avait été prescrite par une médecin originaire d'Europe de l'Est, dont le diplôme n'était, à l'époque, pas reconnu en Suisse. Cette dernière ne disposait pas non plus d'un titre de médecin spécialiste. Les parents du défunt ont depuis déposé une plainte auprès de l'autorité de surveillance.
Cette affaire relance le débat sur l'encadrement des médecins étrangers. Selon les médias du groupe Tamedia, plus de 3'000 médecins exercent actuellement en Suisse alors que leur diplôme n'est pas officiellement reconnu. En outre, l'Office fédéral de la santé publique stipule que ces professionnels doivent toujours travailler sous surveillance.
Pour
Severin Baerlocher, engager des médecins sans diplôme reconnu est «discutable sur le plan éthique». Dans une
interview accordée aux journaux «Tamedia», le président de l'Association des médecins-assistants et chefs de clinique (ASMAC) appelle à la création de davantage de places d'études en Suisse. Il souligne également que les hôpitaux ont la responsabilité d'examiner attentivement la formation des candidats étrangers.
Environ 40% des médecins exerçant en Suisse viennent de l'étranger; sans eux, le système de santé helvétique ne pourrait guère fonctionner. «Si plus de 3'000 médecins travaillent sans diplôme reconnu, c'est la preuve qu'il faut mettre à disposition des moyens adéquats pour former suffisamment de médecins suisses», souligne Severin Baerlocher.
À Zurich, des places supplémentaires en médecine
Une autre affaire
Le débat a pris une tournure encore plus explosive après un nouvel incident survenu dans les services psychiatriques d’Argovie. À l’été 2025, la Commission des professions médicales (Mebeko) a suspendu une médecin de ses fonctions, après avoir révoqué son inscription au registre des professions médicales, comme l’a révélé une
enquête de «SRF Investigativ».
Plusieurs autorités avaient auparavant reçu des lettres anonymes accusant la médecin d’avoir falsifié des documents. Ces courriers affirmaient qu’elle n’avait pas étudié la médecine, mais le marketing. Quatre ans plus tôt, la Mebeko avait pourtant reconnu comme authentique son diplôme de médecine, obtenu en Russie.
La commission explique aujourd’hui ce revirement par le grand nombre de diplômes étrangers qu’elle doit examiner chaque année et affirme prendre «très au sérieux sa responsabilité en matière de sécurité des patients».
Les services psychiatriques d’Argovie ont également réagi: sa candidature avait été retenue après vérification de son inscription au registre des professions médicales. La clinique affirme avoir reçu un dossier complet en allemand, accompagné d’une traduction certifiée du diplôme, sans qu’aucune irrégularité n’ait été détectée.
Le département de la santé et des affaires sociales du canton d’Argovie a depuis déposé une plainte pénale contre la praticienne. Inscrite durant quatre ans comme médecin au registre MedReg, elle bénéficie néanmoins de la présomption d’innocence.