Systèmes d'information clinique: KISIM séduit plus qu'Epic

Une enquête menée auprès de médecins suisses révèle des écarts marqués dans l’évaluation des systèmes d’information hospitaliers. Mais plus que le logiciel en lui-même, c’est sa mise en œuvre sur le terrain qui fait la différence.

, 19 mai 2025 à 10:27
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Image symbolique: Sam Albury / Unsplash
Votre système d'information clinique est-il pratique et efficace? Comment contribue-t-il à la sécurité des patients? Une équipe de l'Université de Berne et de la Haute école spécialisée bernoise a mené l'enquête auprès d’environ 2'000 médecins: le système aide-t-il à éviter les erreurs? Est-il intuitif à utiliser? Qu’en est-il de la navigation? Les données erronées peuvent-elles être facilement corrigées? Voici quelques exemples des questions abordées.
Outre les appréciations générales, l’étude permet également d’évaluer de manière plus concrète des systèmes connus, tels que les systèmes d'information clinique Phoenix (utilisé par exemple à Kispi Zürich), KISIM (utilisé par exemple par Thurmed) et Epic (utilisé par exemple par le groupe Insel), qui ont également fait l’objet d’une comparaison dans l’enquête. L’équipe bernoise n’a pris en compte que les systèmes d'information hospitaliers ayant reçu plus de 29 évaluations.
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Diagramme en boîte: répartition de l'évaluation selon le score SURE (System Usability and Risk Evaluation), réponses des médecins hospitaliers. Graphique: tiré de l'étude citée.
KISIM est apparu comme le système le plus abouti dans l’ensemble: le système de l’entreprise Cistec a reçu les meilleures notes en ce qui concerne les temps de chargement, le nombre de fausses alertes, la protection contre les erreurs de saisie des données ou l’échange avec les collègues.
Phoenix a obtenu de bons résultats en matière d’utilisabilité, avec peu de plaintes concernant les alertes inutiles. En revanche, les évaluations en matière d’efficacité et de collaboration étaient plus faibles.
Epic a obtenu les valeurs les plus basses dans l’ensemble, notamment en ce qui concerne les temps de chargement, les fausses alertes, la protection contre les erreurs lors de la saisie des données ou la collaboration interne.

Point important: la mise en œuvre

Néanmoins, l’étude ne permet pas de dégager une appréciation exhaustive des systèmes : selon les auteurs, la mise en œuvre dans les différents hôpitaux joue un rôle décisif dns la manière dont les médecins évaluent leur système d'information hospitalier. Le nombre de clics de souris nécessaires pour accomplir une même tâche varie en effet d’un hôpital à l’autre.
La grande variabilité des évaluations de l’utilisabilité dans les divers sites hospitaliers souligne le rôle du service informatique de l’hôpital dans l’adaptation des systèmes d'information aux besoins de ses professionnels de santé et dans l’accompagnement au quotidien. C’est pourquoi la responsabilité ne peut pas être simplement et uniquement reportée sur les développeurs.
  • David Schwappach, Wolf Hautz, Gert Krummrey, Yvonne Pfeiffer, Raj M. Ratwani: «EMR usability and patient safety: a national survey of physicians», dans: «Nature NPJ Digital Medicine», mai 2025.
  • DOI: 10.1038/s41746-025-01657-4

  • cybersanté & IA
  • Système d'information clinique
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