L’hypothèse a de quoi intriguer: en surveillant leur propre santé à l’aide de montres connectées, les médecins deviendraient plus conscients de leur état et détecteraient mieux le stress – de sorte qu’ils seraient, au final, moins épuisés.
Qu’en est-il vraiment? C’est ce qu’a cherché à comprendre une équipe de la Mayo Clinic et de l’Université du Colorado à travers une étude randomisée menée dans leurs hôpitaux respectifs. Au total, 184 médecins ont participé à l’essai, dont près de 60% de femmes, avec une moyenne d’âge de 37,5 ans.
L’un des groupes a reçu une montre connectée permettant de suivre des données telles que la fréquence cardiaque, les habitudes de sommeil ou les niveaux de stress. En plus des instructions d’utilisation, les participants ont reçu une lettre d’information destinée à favoriser leur adhésion au protocole.
Le second groupe, lui, n’a reçu la montre qu’après six mois.
Les chercheurs ont ensuite recueilli, tous les trois mois, des données portant sur le burnout, la résilience, la qualité de vie, la dépression, le stress et la fatigue. Le Maslach Burnout Inventory (MBI) a notamment été utilisé.
Il est à noter que de nombreux médecins présentaient déjà des symptômes de burnout au début de l’étude.
Après les six premiers mois, les participants du groupe d’intervention (ceux équipés d’une smartwatch) affichaient des scores de burnout significativement plus faibles que ceux du groupe de contrôle. Leur niveau moyen de résilience était également nettement plus élevé.
Effet observable à deux reprises
Dans le deuxième groupe (intervention différée), l’évolution s’est révélée similaire: les scores de burnout et de résilience se sont améliorés jusqu’au douzième mois, pour atteindre des niveaux comparables à ceux du groupe d’intervention initial.
À noter également: ces améliorations se sont en partie maintenues dans le premier groupe, dont la qualité de vie subjective s’est de plus améliorée.
En résumé, le port d’une montre connectée donnant accès à ses propres données physiologiques pourrait contribuer de manière significative à réduire le risque de burnout chez les médecins et à renforcer leur résilience.
En revanche, aucun changement significatif n’a été observé pour d’autres variables, telles que la qualité de vie globale, le stress, les symptômes dépressifs ou la fatigue. Il convient aussi de prendre en compte un possible biais d’auto-sélection: les médecins particulièrement soucieux de leur bien-être pourraient avoir été surreprésentés.
Il n’en demeure pas moins que les montres connectées pourraient constituer un moyen peu coûteux et facile à mettre en œuvre pour promouvoir la santé mentale et la résilience au quotidien dans les environnements hospitaliers.