Salaires transparents: seul l'Hôpital pédiatrique de Zurich brise le tabou

Une fourchette de salaire déjà indiquée dans l'offre d'emploi: pour la plupart des hôpitaux, cela va trop loin. Pourquoi?

, 16 octobre 2025 à 14:39
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Transparence absolue des salaires: pour l'instant, seul l'Hôpital pédiatrique de Zurich applique ce principe | Image réalisée par IA
«Ton salaire brut se situe probablement entre 160'000 et 180'000 francs par an pour un poste à 100%»: c’est ainsi que l’Hôpital pour enfants de Zurich (Kispi) informe ouvertement, dans ses annonces d’emploi, du salaire qu’il verse, par exemple, à un·e chef·fe de clinique en néphrologie.
Depuis 2014, l’hôpital indique le salaire dans presque toutes ses offres d’emploi. Un tel niveau de transparence reste inhabituel dans le secteur de la santé en Suisse, bien que le Kispi enregistre de bons résultats grâce à cette pratique depuis des années. Désirée Nater, responsable du recrutement à l’hôpital et initiatrice de cette démarche avec Sonja Auf der Maur, est catégorique: «Pour nous, il est désormais inimaginable de recruter sans indiquer la fourchette salariale; les conditions sont ainsi clarifiées dès le départ.»

«Ne pas avoir à négocier est agréable»

En réalité, les candidats apprécieraient même de ne pas avoir à négocier leur salaire. «Il est clair que les salaires sont calculés selon un système uniforme, indépendamment du fait que quelqu'un intègre l'équipe ou en fasse déjà partie», explique Désirée Nater. «Cela crée un climat de confiance.»
Certains candidats se montreraient même prêts à accepter un salaire inférieur à celui qu'ils avaient imaginé au départ. Tout simplement parce qu'ils savent que d'autres personnes occupant la même fonction ne gagnent pas plus.
Selon Désirée Nater, seuls quelques candidats aux prétentions salariales nettement plus élevées se lancent dans une négociation. «Cette marge de manœuvre n'existe que dans des cas exceptionnels, ce qui permet de savoir avant de postuler si les conditions-cadres conviennent, ce qui fait gagner du temps aux deux parties.»
Un tel niveau de transparence salariale n'existe, dans la plupart des autres hôpitaux, pas encore.

Hirslanden: «Inhabituel»

Claude Kaufmann, porte-parole du groupe de cliniques privées Hirslanden, relève à juste titre que «dans le secteur suisse de la santé, il est courant de ne pas indiquer les salaires dans les annonces d’emploi».
Cette pratique s’explique, selon lui, par le manque de pertinence des indications générales sur les salaires: ceux-ci dépendent en effet de la qualification, de l’expérience ou de la connaissance du secteur. Le groupe est toutefois conscient que l’Union européenne rendra bientôt l’indication du salaire obligatoire dans les annonces d’emploi (voir encadré). «Nous examinons si, et sous quelle forme, une telle indication pourrait être utile à l’avenir.»

Bientôt obligatoire dans l'UE

Dans l’Union européenne, les entreprises ne pourront plus, à l’avenir, mener des négociations salariales non transparentes. Au plus tard à partir de la mi-2026, les employeurs des pays européens devront fournir des informations sur le salaire de départ ou la fourchette salariale du poste proposé, que ce soit dans l’offre d’emploi ou avant même l’entretien d’embauche.

Hôpital de la ville de Zurich: «Trop diversifiés»

L'hôpital de la ville de Zurich a sciemment renoncé à indiquer des fourchettes de salaires ou des salaires de départ dans ses offres d'emploi. En effet, le parcours professionnel et l'expérience des candidats seraient trop variés. «En lieu et place, nous misons sur des entretiens personnels au cours desquels nous présentons de manière transparente la classification individuelle dans le système salarial de la ville», explique le porte-parole, Tobias Faes.

Lindenhof craint les déceptions

Le groupe Lindenhof ne veut pas indiquer de salaire dans les offres d'emploi, car cela pourrait éveiller de fausses attentes chez les candidats et entraîner des déceptions. Jusqu'à présent, aucun candidat n'a fait part de tels souhaits, indique le service de presse.

USB: «équivoque»

L'Hôpital universitaire de Bâle (USB) justifie de manière similaire pourquoi il ne communique pas de salaire dans ses annonces d'emploi: «Le salaire dépend fortement du profil, de l'âge et de l'expérience pertinente du candidat ou de la candidate. Communiquer les fourchettes de salaire ou un salaire de départ serait donc trompeur ou équivoque». Les candidates et candidats sont informés du système salarial et de la classification individuelle correspondante lors des entretiens de recrutement, explique à Medinside la porte-parole Caroline Johnson.
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