Une inscription raciste a été découverte ce lundi sur la porte d’un bureau du Département de réadaptation et de gériatrie des
Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Selon les informations de la
«Tribune de Genève», les mots «Négresse, dégage !!!» ont été retrouvés sur la porte du bureau de la responsable des soins. La direction de l’établissement aurait rapidement réagi en déposant une dénonciation pénale auprès du Ministère public.
Cet acte s’inscrit toutefois dans un climat déjà préoccupant. Selon la «TdG», un audit récemment mandaté par la direction des HUG auprès d’un cabinet d’avocats aurait mis au jour environ 70 témoignages faisant état de propos racistes, de discriminations et de tensions internes. Le rapport évoquerait par ailleurs des «dysfonctionnements managériaux», dont l’absence, à ce jour, de sanctions face à de tels actes.
Un problème systémique et non pas un cas isolé
Toujours selon le quotidien genevois, certaines formes de discrimination auraient été présentées par la hiérarchie comme de simples «conflits interpersonnels». Le risque de minimisation, voire de banalisation de ces faits, inquiète aussi bien les collaborateurs et collaboratrices que les spécialistes du domaine. Il y a quelques mois déjà, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) faisait part de ses préoccupations face à la persistance d’actes discriminatoires dans le secteur médical.
«De nombreuses victimes hésitent à signaler ces discriminations, par crainte de représailles ou de banalisation, ou parce qu’elles ne savent pas vers qui se tourner» — Vanessa Kangni, responsable de la Permanence Info-racisme à Lausanne
Ce phénomène est loin de se limiter à Genève. Le
Réseau de centres de conseil pour les victimes de racisme y consacre d’ailleurs un chapitre dans son
dernier rapport d’analyse. On y décrit un large spectre de situations: discriminations de soignants envers des patients, de patients envers des soignants ou encore entre professionnels de santé.
Des victimes souvent réduites au silence
Dans une interview réalisée pour cette étude, Vanessa Kangni, responsable de la Permanence Info-racisme à Lausanne, souligne l’ampleur du phénomène: «Nous observons des situations où des patients subissent une prise en charge différenciée en raison de leur origine ou de leur couleur de peau: diagnostics tardifs, douleurs sous-évaluées, refus d’accès à certains soins ou attitudes méprisantes de certains membres du personnel médical».
Et d’ajouter: «Des soignants issus de minorités racisées font face à du harcèlement sur leur lieu de travail ou des obstacles à leur évolution professionnelle, du mépris ou des agressions de la part des patients. Parfois, des patients refusent également d’être pris en charge par un médecin racisé».
En outre, selon elle, l'un des principaux défis réside dans la sous-estimation du problème: «De nombreuses victimes hésitent à signaler ces discriminations, par crainte de représailles ou de banalisation, ou parce qu’elles ne savent pas vers qui se tourner».