Rendez-vous manqué: pénalité ou meilleur système de rappel?

En Allemagne, le débat sur l’introduction de pénalités pour les patients qui ne se présentent pas à leurs rendez-vous médicaux refait surface. Et en Suisse? Medinside a enquêté.

, 2 mai 2025 à 01:00
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Image symbolique: NordWood Themes/Unsplash
Prendre un rendez-vous chez le médecin sans s’y présenter entraîne non seulement une perte de temps, mais engendre aussi des désagréments croissants. En Allemagne, le débat sur la mise en place de pénalités pour les patients qui ne respectent pas leurs rendez-vous a récemment été relancé. Les représentants des médecins réclament l’instauration d’une «taxe d’absence» de dix à vingt euros, à la charge des caisses d’assurance maladie. Cette mesure vise à endiguer la hausse préoccupante des rendez-vous non honorés: selon Andreas Gassen, président de la Kassenärztliche Bundesvereinigung (KBV), entre 10 et 20% des rendez-vous médicaux sont manqués sans préavis.
En Suisse également, l’absence non signalée à un rendez-vous médical constitue un problème croissant. Toutefois, les données officielles font défaut pour en mesurer l’ampleur.
Un sondage informel réalisé par Medinside sur LinkedIn auprès de 431 participants révèle que 62% des personnes interrogées sont favorables à l’instauration d’une pénalité, tandis que 30% plaident pour de meilleurs systèmes de rappel.

Tolérance ou règles claires?

Les professionnels de santé suisses adoptent des approches variées face aux rendez-vous manqués. Martin Werner, de DocGoSwiss, prône la modération: «Je serais d’abord contre les sanctions. C’est un effort considérable de les faire appliquer. Une meilleure communication et des plateformes de rendez-vous en ligne sont bien plus efficaces.»
L’infirmier Markus Messerschmidt propose, lui, une approche graduée:
  • Faire preuve de compréhension lors d’un premier rendez-vous manqué ou en cas de maladie;
  • À partir de la deuxième absence, facturer le temps de travail engagé (par exemple, l’étude du dossier);
  • Renforcer les rappels via SMS ou appels téléphoniques la veille du rendez-vous.
Le gastroentérologue Roger Wanner confirme cette méthode: «C’est particulièrement frustrant lorsque les patients ne se présentent pas à une endoscopie – dans ce cas, trois spécialistes attendent souvent en vain.» Il facture également un forfait en cas d’annulation de dernière minute, tout en se montrant conciliant si la raison de l’absence est justifiée.
Un autre professionnel résume la situation ainsi: «Le temps réservé a un coût — celui qui ne l’utilise pas s’offre un luxe qu’il peut assumer.» L’objectif n’est pas de punir, mais d’utiliser les ressources de manière responsable.

Pénalité en dernier recours

Dans certains établissements, des pénalités sont désormais appliquées aux récidivistes, mais avec retenue. Les patients atteints de troubles cognitifs ou souffrant de pertes de mémoire sont traités avec plus de souplesse; on leur rappelle souvent les rendez-vous par téléphone en amont.
Le consensus parmi les professionnels: des rappels automatisés, combinés à des règles équitables en cas d’absences répétées, pourraient réduire les rendez-vous manqués sans nuire à la relation de confiance.
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Conclusion

Les rendez-vous médicaux manqués pèsent lourdement sur le système de santé. Mais une simple pénalité ne constitue pas une réponse suffisante. C’est pourquoi de nombreux professionnels misent sur une combinaison de bienveillance, de communication claire et de sanctions ciblées en cas de comportement abusif répété. L’accent est mis sur une gestion respectueuse de la ressource rare qu’est le temps de traitement, tout en garantissant des soins accessibles et flexibles.
En Allemagne, l’instauration d’une pénalité généralisée semble peu probable. Le ministre fédéral de la Santé Karl Lauterbach (SPD), les représentants des patients et les syndicats ont d’ores et déjà exprimé de vives critiques. Par ailleurs, une taxe d’absence prise en charge par les caisses d’assurance maladie risquerait de rater sa cible, en transférant la responsabilité des patients vers le système lui-même.
  • soins de base
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