Une équipe de chercheurs suisses, en collaboration avec plusieurs collègues internationaux, ont publié une étude dans «Nature Communications». Parmi les auteurs figure
Marcel Salathé, épidémiologiste de renommée internationale exercant à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).
L'équipe a étudié l'impact des habitudes alimentaires sur la diversité des microbes intestinaux et a découvert des liens surprenants.
La qualité et la régularité comptent
Une alimentation riche en légumes, fruits, noix et produits à base de céréales complètes favorise une flore intestinale saine et diversifiée. Cette diversité est considérée comme importante pour la digestion, le système immunitaire et le métabolisme. Mais, jusqu'à présent, l'influence de la régularité de l'alimentation était moins claire.
Or, l'étude montre que les personnes qui mangent sainement de manière régulière et constante ont un microbiote nettement plus diversifié. À l'inverse, des habitudes alimentaires irrégulières, telles qu'une consommation très variable de légumes ou de noix, étaient associées à une diversité bactérienne plus faible.
L'indice d'alimentation saine
Pour mesurer la qualité de l'alimentation, les chercheurs ont utilisé l'indice d'alimentation saine (en anglais, Healthy Eating Index ou HEI). Cette valeur utilisée à l'échelle internationale va de 0 à 100 points et évalue dans quelle mesure l'alimentation correspond aux recommandations officielles.
- Des valeurs élevées signifient: beaucoup de légumes, de fruits, de céréales complètes, de légumineuses, de noix et peu de sucre, de sel et de fast-food.
- Des valeurs faibles signifient: une alimentation déséquilibrée, riche en graisses et en sucres, à base d'aliments transformés.
Un nouvel indicateur quotidien, le «daily HEI», a également été introduit. Il évalue non seulement la moyenne, mais aussi la régularité d'une alimentation saine au quotidien. Et c'est précisément cette valeur qui s'est avérée la plus significative: les personnes qui mangent sainement de manière constante ont un microbiote plus diversifié que celles qui ne mangent sainement que de manière occasionnelle.
Les principaux résultats
- Facteurs positifs: scores HEI élevés, consommation régulière de légumes, de fruits, de fibres alimentaires et de micronutriments (potassium, magnésium, folate, fer) = diversité plus élevée.
- Facteurs négatifs: fast-food, sucre, sel et habitudes alimentaires très irrégulières = diversité plus faible.
- Mode de vie: le tabagisme et le surpoids étaient clairement associés à un HEI plus faible et à une diversité réduite du microbiome.
- Âge: les participants plus âgés (> 50 ans) avaient en moyenne des scores HEI plus élevés et une flore intestinale plus diversifiée que les plus jeunes.
Carnets alimentaires numériques
Environ 1'000 participants en Suisse ont documenté leur alimentation pendant deux à quatre semaines à l'aide de l'application
MyFoodRepo. Les repas ont été photographiés en temps réel ou leur code-barres a été scanné, puis vérifié par des experts. Les participants ont également fourni un échantillon de selles afin d'analyser génétiquement la composition de leur flore intestinale.
Lien entre alimentation et flore intestinale: une alimentation de haute qualité et régulière (HEI) augmente la diversité, tandis que la restauration rapide et une alimentation irrégulière la réduisent. Source: Singh R. et al., Nature Communications 2025.
Grâce à cette collecte de données, l'équipe a pu, pour la première fois, étudier avec précision le lien entre habitudes alimentaires quotidiennes et microbiote. La comparaison entre l'HEI et l'HEI quotidien s'est avérée particulièrement révélatrice.
Les résultats soulignent qu'il ne suffit pas de manger sainement de temps en temps pour avoir un intestin en bonne santé. La régularité est essentielle. Une alimentation stable, riche en fibres, favorise une flore intestinale robuste et diversifiée, quel que soit l'âge.