Quand le Tribunal fédéral change la donne en faveur des médecins

Une fois de plus, le Tribunal fédéral a débouté les caisses d'assurance maladie dans leurs demandes de remboursement aux médecins, affichant ainsi un soutien renforcé à la profession.

, 5 février 2025 à 12:50
image
La dernière décision du Tribunal fédéral de Lucerne: les caisses maladie doivent revoir leur copie | Image: Service de presse
Une fois de plus, le Tribunal fédéral a rappelé à l'ordre 24 caisses maladie qui exigeaient d’un interniste genevois le remboursement de 643’000 francs pour cause de surfacturation. Le Tribunal fédéral a donné raison au médecin: les caisses doivent revoir leurs comptes et refaire leurs calculs.
Récemment encore, le Tribunal fédéral avait statué en faveur d’un cabinet de groupe bernois. À l’origine du dossier, des caisses d’assurance maladie réclamaient la restitution d’environ un million de francs. Le Tribunal fédéral a tranché: cela ne fonctionne pas ainsi. Si les praticiens obtiennent de si bons résultats devant le Tribunal fédéral, c’est pour une raison bien précise: un arrêt décisif de décembre 2023 est venu rééquilibrer le rapport de force entre médecins et assureurs.

Un examen individuel s’impose

Les caisses maladie ne peuvent en effet plus s’appuyer uniquement sur une analyse de régression statistique pour prouver qu’un cabinet médical n’est pas rentable, selon le jugement fédéral. Elles doivent procéder à un examen individuel du cabinet.
Jusqu’à récemment, le Tribunal fédéral accordait une force probante suffisante aux résultats de la méthode statistique pour démontrer le caractère non rentable d’un cabinet médical.
Puis est intervenu l’arrêt de décembre 2023, marquant un revirement de situation. Il concernait un spécialiste en médecine interne générale disposant d’une autorisation pour gérer une pharmacie de cabinet.
Sur la base des résultats d’une analyse statistique par régression, les caisses maladie lui reprochaient de gérer son cabinet de manière non rentable et lui réclamaient le remboursement de 267’000 francs pour l’année 2017. Le praticien a contesté cette décision et porté l’affaire devant le Tribunal fédéral.

Preuves insuffisantes

Il a fait valoir que cette analyse statistique ne permettait pas, à elle seule, de déterminer si son activité était économique ou non. En outre, le requérant critiquait la manière dont les facteurs influant sur la structure des coûts de son cabinet avaient été pris en compte. Il a notamment demandé que l’autorisation d’exploiter une pharmacie de cabinet dont il bénéficie soit intégrée à l’évaluation.
Le Tribunal fédéral a constaté que l’analyse de régression permettait certes, dans un premier temps, de mettre en évidence des coûts «anormaux» dans la facturation. Mais la constatation d’une «anomalie» ne signifie pas pour autant que le cabinet médical n’est pas rentable. Seul un examen individuel permet de déterminer si un médecin ne respecte pas le principe d’économicité.
Cet examen au cas par cas doit permettre aux médecins concernés de justifier leurs coûts. Une sélection de dossiers médicaux peut également être examinée dans certains cas.
  • Les arrêts du 23 décembre 2024: 9C_795/2023, 9C_24/2024
  • L'arrêt du 12 décembre 2023 qui fait jurisprudence: 9C_135/2022

  • cabinets médicaux
  • Tribunal fédéral
  • Assureurs
Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

Systèmes d'information: évaluations décevantes en hôpital comme en cabinet

Les systèmes d'information clinique utilisés à l'hôpital ou en cabinet médical suscitent des critiques, notamment en termes d'efficacité et de sécurité. Une vaste enquête menée en Suisse révèle un niveau d’insatisfaction élevé, en particulier dans le milieu hospitalier.

image

OneDoc rachète Medicosearch: quel impact sur les cabinets?

Au terme de la fusion, le groupe suisse OneDoc regroupera plus de 13'000 prestataires de soins de santé. Ces derniers disposeront d'une plus grande portée numérique et de davantage de solutions intégrant l'intelligence artificielle.

image

Déserts médicaux: la France pourrait forcer la main des médecins

Une proposition de loi fraîchement adoptée à l’Assemblée nationale ravive la colère des médecins français: leur liberté d’installation est remise en cause. Les députés entendent les envoyer dans les territoires sous-dotés – par la contrainte.

image

Cashbacks dans le domaine de la santé: le Conseil fédéral doit agir

Le Conseil national appelle à la mise en place d’un catalogue de mesures contre les rétrocessions cachées versées aux prestataires de soins – une décision motivée par des révélations sur un laboratoire genevois qui aurait versé d’importantes sommes à certains cabinets.

image

Travail temporaire: Swissstaffing gagne devant le Tribunal fédéral

Le Tribunal fédéral a annulé une réglementation du canton de Neuchâtel qui limitait de manière globale le travail temporaire dans les marchés publics.

image

Pédiatres genevois: pas de grève, mais un changement de pratique

Face à une situation toujours floue sur les taxes d’urgence, la Société genevoise de pédiatrie envisage deux scénarios: ne plus assurer de gardes ou les rapatrier dans les cabinets de volontaires.

Du même auteur

image

La franchise ne s’appliquera plus aux vaccins: les caisses maladie restent sceptiques

Dès l’an prochain, les caisses d’assurance maladie devront couvrir davantage de prestations – notamment en matière de vaccination.

image

Hôpital du Valais: des économies, mais un déficit de 8 millions de francs

L'Hôpital du Valais reste sous perfusion du canton: les mesures d'économie ont certes un effet, mais il reste limité.

image

L'Hôpital universitaire de Bâle sort la tête de l'eau

S'il reste difficile de parler de bénéfice, des économies ont toutefois pu être réalisées. Après avoir enregistré un déficit de 46 millions de francs l'année précédente, l'Hôpital universitaire de Bâle (USB) s'est redressé.