Règles de stérilisation: les cabinets médicaux contraints de passer au jetable

Plus de contrôles, plus de coûts, plus de déchets: les praticiens dénoncent depuis longtemps les règles strictes de stérilisation imposées par Swissmedic. À Bâle, un député socialiste entend désormais faire bouger les lignes au niveau cantonal.

, 19 septembre 2025 à 09:58
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La stérilisation des ustensiles médicaux, comme les ciseaux, n'est plus rentable pour de nombreux cabinets médicaux | Image: Unsplash
Les règles de stérilisation toujours plus strictes sont une source croissante de mécontentement pour les cabinets médicaux. Beaucoup se tournent alors vers les instruments à usage unique, au prix de centaines de milliers de produits jetés chaque année.
Ceux qui choisissent encore de stériliser eux-mêmes leurs instruments doivent respecter les directives strictes de Swissmedic: disposer de locaux séparés, divisés en zones pour les instruments infectieux, pré-désinfectés et stériles, et tenir une documentation exhaustive. À elles seules, les inspections cantonales coûtent environ 1'500 francs par cabinet.

Proposition du PS à Bâle

Pour le député socialiste Jean-Luc Perret, ces directives sont appliquées avec une rigueur particulière à Bâle-Ville. À ce titre, il a déposé une intervention auprès du gouvernement, assortie de plusieurs questions critiques. Certes, la Confédération édicte les directives, mais leur mise en œuvre et leur contrôle relèvent de la responsabilité des cantons.
« La confiance a laissé place à une surveillance jusque dans les moindres détails. » Roger Wanner, gastro-entérologue.
Ces normes ont des conséquences concrètes: «En raison d’exigences toujours plus strictes et parfois impraticables, les soins des plaies ne peuvent plus être dispensés qu’avec des ustensiles à usage unique», explique par exemple la médecin de famille Eva Biland dans le «Basler Zeitung». Pour réduire les coûts et les déchets, de nombreux patients sont désormais orientés directement vers l’hôpital, ce qui surcharge encore davantage les services d’urgence.
Par ailleurs, la qualité de certains instruments à usage unique laisse à désirer, relève une hygiéniste dentaire: ils se brisent régulièrement et finissent à la poubelle avant même d’avoir été pleinement utilisés.

Mise sous tutelle

Le gastro-entérologue zurichois Roger Wanner, qui réalise jusqu’à douze coloscopies par jour, parle lui aussi d’une «frénésie réglementaire»: «Avec la réglementation, on se sent parfois comme un écolier dont on se méfie. Nous avons désormais plus de directives de processus que de directives médicales.» On prescrit méticuleusement la manière dont les appareils doivent être nettoyés, stockés et entretenus, mais «presque personne ne se demande si les résultats du traitement sont réellement bons».
De telles exigences donnent aux médecins le sentiment de ne pas bien faire leur travail – «et cela peut être frustrant».
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