Never Words: ces expressions à éviter auprès des patients

Certains mots, en apparence anodins, peuvent fragiliser les patients gravement malades. Une étude propose des alternatives pour encourager un dialogue empathique et apaisant.

, 9 décembre 2024 à 13:19
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Image symbolique: Medinside (réalisée avec l'outil d'IA Midjourney).
Une étude publiée dans «ScienceDirect» par des chercheurs de l'université Texas A&M met en lumière l'impact d'une communication ciblée sur la réduction de la détresse psychologique chez les patients atteints de pathologies graves.
Malgré des progrès rapides dans le traitement de maladies telles que l'insuffisance cardiaque avancée, le cancer ou les maladies pulmonaires en phase terminale, l'établissement d'un dialogue empathique et sincère avec les patients reste un défi clinique majeur, souligne l'étude.
  • Rana Lee Adawi Awdish, Gillian Grafton, Leonard L. Berry: «Never-Words: What Not to Say to Patients With Serious Illness», dans: «ScienceDirect» / Mayo Clinic Proceedings, octobre 2024.
  • doi: 10.1016/j.mayocp.2024.05.011
«Nous pensons que certains mots ne devraient tout simplement pas être utilisés par les cliniciens lors d'échanges difficiles», expliquent les pneumologues et cardiologues à l'origine de l'étude. Ces «never words» sont des termes ou des phrases qui, au-delà de leur inutilité, peuvent, dans certains contextes cliniques, causer des dommages émotionnels et exacerber les rapports de force dans la relation soignant-patient.
S'appuyant sur une revue de littérature et des entretiens approfondis, l'équipe de chercheurs a établi une liste de mots et d'expressions à éviter, accompagnée de meilleures alternatives. Voici huit exemples concrets et leurs alternative:
1. «Nous ne pouvons rien faire d'autre.»
Alternative: «Le traitement n'a pas pu stopper la maladie, mais nous pouvons nous concentrer sur des mesures visant à atténuer les symptômes et à améliorer la qualité de vie.» Même en cas de maladie incurable, le personnel médical peut transmettre au patient l'idée qu'il reste soutenu dans ce processus difficile.
2. «Le patient ne s'améliorera pas.»
Alternative: «Je m'inquiète que le patient ne puisse pas s'améliorer.» Exprimer une préoccupation sincère est souvent plus bénéfique que de faire un pronostic froid et définitif.
3. «Devrions-nous tout essayer?»
Alternative: «Examinons ensemble les options disponibles si la situation venait à s'aggraver.» Les questions implicites sont souvent à l'origine de malentendus; il convient donc de privilégier l'invitation à un dialogue ouvert.
4. «Tout ira bien!» ou «Ne vous en faites pas.»
Alternative: «Je suis là pour vous accompagner tout au long de ce processus.» Apporter un soutien positif est essentiel, mais ce soutien doit être honnête et réaliste.
5. Évitez les mots tels que «combat» ou « bataille».
Alternative: «Nous affronterons ensemble cette grave maladie.» L'idée qu'une maladie puisse être surmontée par la force de la volonté risque de générer un sentiment de culpabilité chez le patient et doit être évitée.
6. «Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de venir nous voir?»
Alternative: «Merci d' être venu nous voir.» Les reproches augmentent le stress sans être constructifs. Un accueil formulé de manière positive est plus valorisant et encourageant pour le patient et sa famille.
7. «Que disent les autres médecins?»
Alternative: «J'apprécie que vous ayez pris le temps de me consulter pour un deuxième avis. Réfléchissons à la marche à suivre.» Lors d'un deuxième avis, évitez de dévaloriser vos confrères pour établir un climat de confiance.
  • tendances
  • communication
  • relation aux patients
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