Il n'est, en soi, pas surprenant que le Conseil des États s'oppose à la liberté de choix en matière de médecine complémentaire, sa commission compétente ayant déjà recommandé le rejet de la motion du conseiller national valaisan Philippe Nantermod (PLR).
L'étonnement réside plutôt dans la rapidité et l'unanimité de la décision: la Chambre haute a rejeté sans discussion ni opposition la proposition visant à n'assurer la médecine complémentaire qu'aux payeurs de primes en faisant expressément la demande. La question n'est donc plus d'actualité.
Vox populi
Dans l'argumentaire, se trouve notamment le fait que le peuple en a décidé ainsi en mai 2009. D'autre part, les méthodes alternatives sont jugées comme étant peu problématiques financièrement: les prestations de la médecine complémentaire représentent 18 millions de francs par an sur un total de 35 milliards de coûts, avançait Hannes Germann, porte-parole de la commission, au Conseil.
L'association faîtière des médecines complémentaires se réjouit de cette décision: selon elle, la motion de Nantermod constituerait une attaque contre le principe de solidarité de l'assurance-maladie. «Les assurés auraient donc dû faire un choix individuel: soit ils optent pour la couverture, soit ils la refusent, ce qui contredit le principe de solidarité de la LAMal», commente-t-elle. «Le fait que les assurés cotisent solidairement pour toutes les prestations de l'assurance de base, même s'ils ne les perçoivent pas eux-mêmes, garantit l'égalité de traitement médical: tout le monde ne peut pas s'offrir une assurance complémentaire, et les personnes malades et âgées sont même exclues de la conclusion d'une assurance complémentaire.»
La conseillère aux États socialiste Franziska Roth (qui est également coprésidente de l'association faîtière) va même jusqu'à qualifier la motion de «vecteur» permettant de vider de sa substance le principe de solidarité de l'assurance de base: «L'intervention aurait ouvert la porte à la soumission de n'importe quelle autre prestation médicale de l'assurance de base à une liberté de choix», déclare Roth.
Philipp Nantermod avait quant à lui avancé que l'efficacité de la médecine anthroposophique, de la médecine traditionnelle chinoise ou de l'homéopathie ne pouvait pas être prouvée scientifiquement: il s'agit en fin de compte d'une question de croyance. Et c'est pourquoi, selon lui, il n'est pas justifiable que l'ensemble de la population doive cofinancer ces prestations.