Le conseiller national valaisan Philippe Nantermod (PLR), avocat de profession, accorde peu de crédit aux médecines complémentaires. Lors du débat au Conseil national du 11 septembre 2024, il déclarait: «Aujourd'hui, l'assurance obligatoire des soins prend en charge cinq pseudo-médecines, dites "Fakemed". (...) Dans le respect de la liberté de croyance des citoyens, il s'impose de laisser à chacun le droit de choisir, en son âme et conscience, de contribuer ou de ne pas contribuer au paiement de ces pratiques, que certains voient comme le Graal, comme des solutions qui leur permettent de se soigner, mais que d'autres personnes considèrent comme de la charlatanerie.»
Avec sa motion, Nantermod souhaite modifier la loi sur l’assurance maladie (LAMal) afin que seuls les assurés qui en font expressément la demande soient couverts pour les cinq traitements de médecine complémentaire. En somme, il défend une liberté de choix.
Le Conseil national a approuvé sa motion lors de la dernière session d’automne, malgré un écart restreint de huit voix (94 voix contre 86).
Les choses se compliquent
Pour que le Conseil fédéral puisse mettre en œuvre le projet, l’accord des deux Chambres est nécessaire. C’est désormais au tour du Conseil des États d’en débattre, ce qui est prévu pour cette semaine.
Et c’est là que la situation se complique pour Nantermod: la commission consultative du Conseil des États a rejeté sa motion par 6 voix contre 0, avec 2 abstentions.
La commission a rappelé que le peuple et les cantons avaient approuvé en 2009 un nouvel article constitutionnel visant à mieux prendre en compte les médecines complémentaires. Elle a également souligné que les coûts liés à ces prestations restent relativement modestes.
Chaque année, 34,5 milliards de francs sont facturés par l’assurance de base. Sur ce montant, seuls 18 millions seraient attribués à la médecine complémentaire, soit environ 0,05%.
Pourquoi donc ces attaques récurrentes contre les médecines complémentaires?
Franziska Roth, conseillère aux États socialiste soleuroise et présidente de l’association faîtière des médecines complémentaires, affirmait dans une
interview accordée à Medinside que ces interventions ne visaient pas uniquement les prestations de médecine complémentaire, mais plus largement tous les traitements médicaux dont l’efficacité clinique ne repose pas sur un niveau de preuve suffisant.
En toute logique, il faudrait alors instaurer une liberté de choix pour l’ensemble des prestations relevant du principe de confiance. «C’est un appel à l’abolition de l’assurance de base solidaire au profit d’une médecine à deux vitesses.»
«Soigner son cancer autrement, le pari dangereux des patients», reportage dans l'émission «Temps présent» de la RTS, 5 juin 2025. Durée: 54 min.