Oméga-3, vitamine D, exercice physique: des alliés pour conserver la jeunesse. C'est ce que l'on peut déduire – en termes simples – d'une étude publiée récemment par Heike Bischoff-Ferrari (Université de Bâle) et
Steve Horvath (Université de Californie à Los Angeles) dans «Nature Aging». Selon les résultats de l'étude clinique, le processus de vieillissement serait freiné de trois à quatre mois sur une période de trois ans en misant systématiquement sur ces nutriments ou ces actions.
«Ralentir le vieillissement biologique de trois ou quatre mois peut sembler peu, mais cela peut également se traduire par d'importants gains en termes de santé publique, notamment pour ce qui est de la réduction des pathologies liées à l'âge», explique Heike Bischoff-Ferrari, citée dans l'
éditorial de «Nature».
- Heike A. Bischoff-Ferrari, Stephanie Gängler, Maud Wieczorek, Daniel W. Belsky, Joanne Ryan, Reto W. Kressig, Hannes B. Stähelin, Robert Theiler, Bess Dawson-Hughes, René Rizzoli, Bruno Vellas, Laure Rouch, Sophie Guyonnet, Andreas Egli, E. John Orav, Walter Willett & Steve Horvath: «Individual and additive effects of vitamin D, omega-3 and exercise on DNA methylation clocks of biological aging in older adults from the DO-HEALTH trial», dans: «Nature Aging», février 2025.
- doi: 10.1038/s43587-024-00793-y
L'étude a été conduite dans le cadre du
programme DO-HEALTH, qui étudie les facteurs influençant l'espérance de vie en bonne santé. Au total, plus de 700 personnes âgées de 70 ans et vivant en Suisse y ont pris part. Pendant trois ans, ces participants ont consommé quotidiennement 1 gramme d'oméga-3 ainsi que 2'000 UI (unités internationales) de vitamine D, en parallèle d'un programme d'entraînement physique de 30 minutes trois fois par semaine.
Des marqueurs épigénétiques appelés «horloges biologiques» ont été employés comme méthode de mesure en biologie moléculaire et ont permis de calculer l'allongement de l'espérance de vie en bonne santé. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang au début et à la fin de l'étude et les ont soumis à une analyse visant à détecter quatre «horloges» biologiques, ou marqueurs, mesurant le vieillissement par l'ajout et la suppression de groupes méthyle dans l'ADN.
La capacité du mélange mentionné à ralentir le vieillissement biologique jusqu'à quatre mois s'est avérée indépendante du sexe, de l'âge ou de l'indice de masse corporelle. Les oméga-3 ont, en outre, à eux seuls réussi à freiner le vieillissement biologique sur trois des marqueurs considérés.
L'étude DO-HEALTH avait auparavant déjà mis en évidence une réduction du risque de cancer et de la fragilité prématurée grâce à la combinaison d'oméga-3, de vitamine D et d'exercice physique.
UA Felix Platter prévoit le premier campus suisse pour la longévité
L'étude DO-HEALTH, lancée en 2012, est la plus vaste étude européenne dans le domaine du vieillissement et de la longévité. Elle doit maintenant être poursuivie au sein de l'unité de médecine universitaire du vieillissement Felix Platter UAFP: en effet, la directrice Heike A. Bischoff-Ferrari quittera cet été l'Université de Zurich pour un poste de médecin-chef en médecine gériatrique aiguë (UAFP) à Bâle.
«Dans le prolongement du développement de DO-HEALTH, un campus unique en son genre dédié à cette thématique doit être mis en place à l'Université de Bâle et à l'UAFP», explique Mme Bischoff-Ferrari.
Le campus doit favoriser la mise en œuvre clinique et en santé publique de mesures scientifiquement prouvées permettant d'améliorer l'espérance de vie en bonne santé. Son objectif: démontrer scientifiquement l'efficacité de nouvelles solutions en matière de promotion de la santé des adultes, puis les mettre en pratique de manière durable. «Les connaissances issues de l'étude clinique sur les oméga-3 profiteront ainsi à la population», explique Bischoff-Ferrari. La mise en œuvre du projet de campus est prévue pour le milieu de l'année 2025.