C'est une question qui agite les débats depuis plusieurs années: faut-il limiter les revenus des cadres dirigeants des caisses maladie, dont les salaires parfois vertigineux sont supportés par les cotisations des assurés?
Fin septembre, la conseillère nationale
Sophie Michaud Gigon (Verts) a déposé une
motion en ce sens. Son analyse: les primes d'assurance maladie obligatoire ne cessent d'augmenter et pèsent lourdement sur le budget des ménages. En parallèle, «les dirigeants des caisses-maladie perçoivent des rémunérations bien supérieures à celles des hauts fonctionnaires de l'administration publique», souligne-t-elle.
Et les exemples ne manquent pas: «La rémunération totale du PDG de Sanitas s'élève à près d'un million de francs, celle du PDG de la CSS à environ 850'000 francs, tandis que le PDG d'Helsana touche plus de 740'000 francs, auxquels s'ajoutent 289'000 francs pour le président du conseil d'administration. D'autres grands assureurs tels que le Groupe Mutuel, Assura ou Swica affichent des niveaux de rémunération similaires», précise la motion.
La référence: le salaire d’un conseiller fédéral
La conseillère nationale appelle ainsi le Conseil fédéral à présenter un projet de loi visant à plafonner le salaire des dirigeants des assurances liées à la LAMal. Nuance importante: la motion vise également les «personnes occupant des postes de direction dans le domaine de la santé, au niveau administratif et politique».
Selon Michaud Gigon, un repère clair pourrait être adopté: ces dirigeants ne devraient pas gagner plus qu'un membre du Conseil fédéral, soit 477'688 francs bruts par an.
Une mesure sans grand impact?
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Selon les informations rapportées par
«20 Minutes», le conseiller aux États
Peter Hegglin (Centre), également membre du comité directeur de l'association des caisses d'assurance maladie Santésuisse, estime que ce projet ne serait que «difficilement réalisable, voire irréalisable». Un plafonnement concernant uniquement les dirigeants des caisses maladies «ne serait pas cohérent». En outre, il ne pourrait se limiter qu'au domaine de l'assurance obligatoire.
Interrogées par «20 Minutes», les caisses-maladie abondent dans ce sens: «Un plafond salarial légal qui s'appliquerait exclusivement aux assureurs-maladie dans le cadre de l'assurance de base serait problématique à nos yeux», souligne une porte-parole de la CSS, qui précise encore que seulement 3,7 centimes par franc de prime sont consacrés aux dépenses internes.