Les prématurés souffrent plus souvent que la moyenne de troubles de l'attention et de difficultés à réguler leurs émotions. Une étude menée par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), avec le soutien du Fonds national suisse (FNS), montre que la thérapie musicale peut favoriser le développement de certaines régions du cerveau.
Chez des prématurés nés en moyenne à 29 semaines, les chercheurs ont observé un renforcement de la structure de connexion du réseau de saillance du cerveau grâce à la musique. Ce réseau, essentiel pour classer les stimuli tels que les sons, est souvent moins développé chez les prématurés. L’analyse par scanner IRM a révélé une amélioration des connexions entre des zones cérébrales clés, comme l’insula et le cortex cérébral, grâce à une musicothérapie ciblée.
- Petra S. Hüppi et al: Longitudinal functional brain connectivity maturation in premature newborn infants: Modulatory influence of early music enrichment. Imaging Neuroscience 2024; 2 1–18. doi: 10.1162
Des compositions adaptées
Il ne suffit toutefois pas de jouer du Mozart en boucle dans le service. «Dans une unité de soins intensifs, il y a une multitude de bruits et d’alarmes ; il ne serait pas judicieux d’en amplifier encore le niveau», explique Petra Hüppi, responsable du programme de recherche.
L’équipe a utilisé des séquences musicales de huit minutes, diffusées individuellement à chaque nouveau-né via un casque, lors des transitions entre sommeil et éveil. Afin d’accompagner le quotidien des nourrissons, le compositeur zurichois Andreas Vollenweider a créé des morceaux au rythme apaisant, permettant aux bébés de reconnaître les mélodies.
Si les effets positifs sont visibles rapidement sur les IRM, l’équipe de Petra Hüppi explore désormais les bénéfices à long terme. La première cohorte de l’étude, née en 2016, a maintenant huit ans. Des tests comportementaux et de nouveaux scanners IRM permettront d’évaluer si la musicothérapie contribue durablement au développement cognitif.
Intelligence artificielle
Pour renforcer l’efficacité de la musicothérapie dans la pratique courante, l’équipe de Hüppi collabore avec l’EPFL afin de développer un système basé sur l’intelligence artificielle. Ce système vise à identifier les moments les plus propices pour diffuser la musique, en s’appuyant sur des indicateurs tels que le rythme cardiaque, les mouvements ou les expressions faciales.
L’objectif final de l’étude est de faire de la musicothérapie une pratique de référence dans les unités de soins intensifs pour prématurés à travers le monde.