Le pays est confronté à une grave pénurie de médecins, tandis que le nombre de places disponibles pour les études de médecine demeure insuffisant. Chaque année, des milliers de bacheliers sont ainsi contraints de renoncer à leur rêve de devenir médecin. Cette équation est bien connue: elle s’applique aussi bien en Suisse qu’en Allemagne.
Du côté des hautes écoles – ou plutôt des cantons et des Länder –, les autorités hésitent à développer et à élargir l’offre de formation médicale, principalement en raison des coûts très élevés que cela représente.
Un autre aspect mérite pourtant une attention particulière dans ce débat: l’effet d’ancrage. En effet, une fois diplômés, les jeunes médecins s’installent plus souvent que la moyenne dans la région où ils ont suivi leurs études.
Selon une évaluation récente du Centre pour le développement universitaire (CHE) en Allemagne («Medizinstudienplätze in den deutschen Bundesländern, août 2025»), un lien existe bel et bien entre l’offre de places en médecine et la densité de médecins. Ainsi, le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et la Sarre proposent le plus grand nombre de places pour 100'000 habitants, suivis par la Saxe-Anhalt. À l’inverse, les universités publiques de Brême et du Brandebourg n’offrent actuellement aucune possibilité d’étudier la médecine.
Les données montrent que la corrélation ne concerne pas seulement les grandes métropoles. Les régions proches des universités médicales traditionnelles, comme Heidelberg, Fribourg ou Lübeck, affichent elles aussi une densité de médecins nettement plus élevée que d’autres zones aux structures comparables.
La création de places d'études de médecine serait «particulièrement profitable dans les régions où il n’y en a pas encore», commente l’analyste du CHE, Cort-Denis Hachmeister. «Il semble au moins y avoir un lien entre la présence de sites médicaux et une densité de médecins plus élevée dans la région. Les régions souffrant d’une pénurie de médecins auraient tout intérêt à en tenir compte pour envisager l’implantation d’une faculté de médecine.»
Une ville prévoit sa propre faculté de médecine
Un exemple concret illustre cette dynamique: la ville et le district d’Oldenburg, en Allemagne, projettent de créer leur propre cursus de médecine pour un coût annuel d’environ 8 millions d’euros. Les premiers étudiants pourraient entamer leur formation dès 2027.
«De nombreuses communes manquent déjà de médecins. C’est la raison pour laquelle le district d’Osnabrück s’engage depuis de nombreuses années à soutenir, par exemple, la création de cabinets de médecine générale»,
explique Anna Kebschull, Landrätin. «Nous considérons une école de médecine comme une étape supplémentaire et essentielle pour convaincre les jeunes de rester dans la région à long terme, en tant que médecins généralistes ou dans nos cliniques. Assurer les soins médicaux, en particulier dans les zones rurales, est essentiel pour l’avenir de notre région.»
La ville et le district d’Oldenburg, situés en Basse-Saxe, comptent ensemble environ 300'000 habitants.