En Suisse, une part trop importante de patients serait prise en charge à l'hôpital en stationnaire – c'est l'une des thèses privilégiées dans les débats sur les coûts de la santé. De fait, dans de nombreux pays industrialisés, la proportion de traitements réalisés en ambulatoire est nettement plus élevée. Si environ 20% des interventions chirurgicales sont effectuées en ambulatoire dans les hôpitaux suisses,
cette proportion atteint 50 à 60% dans d'autres pays comme la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark ou encore les États-Unis.
Une étude récemment publiée par l'Institut hospitalier allemand nuance toutefois sensiblement cette théorie dominante. Ce travail de recherche a comparé les coûts hospitaliers en Allemagne à ceux d'autres pays européens relativement prospères. Il en ressort:
- premièrement, qu'en Suisse, la part des coûts des hôpitaux de soins aigus dans le produit intérieur brut est comparativement faible;
- deuxièmement, que la part des coûts hospitaliers dans les dépenses de santé est également inférieure à la moyenne des pays européens comparés;
- et enfin, que cette proportion n’a cessé de diminuer au cours des dernières années.
Graphiques: DKI, (Heber & Offermanns, 2025)
Concrètement, les dépenses hospitalières représentent 3,3% du produit intérieur brut en Suisse, soit une valeur proche de celle observée en Allemagne et aux Pays-Bas (3,0%), ainsi qu’en Belgique ou en Finlande (3,4%). Au Danemark, souvent cité en exemple, cette part atteint 4,2%.
Certes, l’étude confirme, à sa manière, la prédominance des traitements stationnaires en Suisse par rapport à la moyenne européenne. Elle laisse néanmoins entrevoir un potentiel de rattrapage, notamment à travers le développement du modèle «Hospital at Home».
Par ailleurs, les coûts hospitaliers moyens par patient en Suisse figurent parmi les plus élevés des pays analysés (l’étude ne prenant en compte que des pays à hauts revenus): cette valeur s’élève à 8'385 euros en Suisse. Ce montant reste relativement similaire en Norvège (8'297 euros) et aux Pays-Bas (8'030 euros), tandis que l’Allemagne affiche un coût moyen nettement plus bas, à 6'146 euros. (Les valeurs sont exprimées en parité de pouvoir d’achat, tenant compte du niveau de prix et de revenu de chaque pays.)
Or, compte tenu de la proportion relativement élevée de cas stationnaires, les hôpitaux suisses n’apparaissent pas comme exceptionnellement «coûteux» dans cette perspective.
L’Allemagne et la Suisse suggèrent ainsi, chacune à leur manière, que le système DRG exerce une pression considérable sur les coûts hospitaliers.
«Les hôpitaux ne sont pas des facteurs de coûts des dépenses de santé, et le système hospitalier allemand n’est pas particulièrement onéreux. C’est même le contraire»,
commente l’Association allemande des hôpitaux, en réponse à certaines déclarations politiques. «En raison de leur sous-financement structurel, les hôpitaux allemands sont contraints de faire preuve d’une efficacité hors du commun. Ils permettent ainsi aux assurés d’économiser plusieurs milliards en réduisant continuellement leur part dans les dépenses totales des caisses d’assurance maladie. Nous avons toutefois atteint un point critique: de plus en plus de cliniques, de services et d’unités de soins risquent désormais de fermer pour des raisons économiques.»
Un constat qui semble aisément transposable à la Suisse.