Des hôpitaux trop coûteux? La problématique se situe ailleurs

Une comparaison internationale révèle que la part des dépenses hospitalières en Suisse est non seulement faible, mais en déclin. Le raccourci «trop de stationnaire = système trop cher» ne tient plus.

, 12 mai 2025 à 11:49
dernière mise à jour le 7 octobre 2025 à 08:25
image
Des établissements hospitaliers de grande taille sont-ils la solution? Nyt Hospital Nordsjælland à Hillerød, Danemark (par Herzog & de Meuron, en construction) | Image: Service de Presse, Nordsjaellands Hospital
En Suisse, une part trop importante de patients serait prise en charge à l'hôpital en stationnaire – c'est l'une des thèses privilégiées dans les débats sur les coûts de la santé. De fait, dans de nombreux pays industrialisés, la proportion de traitements réalisés en ambulatoire est nettement plus élevée. Si environ 20% des interventions chirurgicales sont effectuées en ambulatoire dans les hôpitaux suisses, cette proportion atteint 50 à 60% dans d'autres pays comme la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Danemark ou encore les États-Unis.
Une étude récemment publiée par l'Institut hospitalier allemand nuance toutefois sensiblement cette théorie dominante. Ce travail de recherche a comparé les coûts hospitaliers en Allemagne à ceux d'autres pays européens relativement prospères. Il en ressort:
  • premièrement, qu'en Suisse, la part des coûts des hôpitaux de soins aigus dans le produit intérieur brut est comparativement faible;
  • deuxièmement, que la part des coûts hospitaliers dans les dépenses de santé est également inférieure à la moyenne des pays européens comparés;
  • et enfin, que cette proportion n’a cessé de diminuer au cours des dernières années.
image
Graphiques: DKI, (Heber & Offermanns, 2025)
Concrètement, les dépenses hospitalières représentent 3,3% du produit intérieur brut en Suisse, soit une valeur proche de celle observée en Allemagne et aux Pays-Bas (3,0%), ainsi qu’en Belgique ou en Finlande (3,4%). Au Danemark, souvent cité en exemple, cette part atteint 4,2%.
image
Certes, l’étude confirme, à sa manière, la prédominance des traitements stationnaires en Suisse par rapport à la moyenne européenne. Elle laisse néanmoins entrevoir un potentiel de rattrapage, notamment à travers le développement du modèle «Hospital at Home».
image
Par ailleurs, les coûts hospitaliers moyens par patient en Suisse figurent parmi les plus élevés des pays analysés (l’étude ne prenant en compte que des pays à hauts revenus): cette valeur s’élève à 8'385 euros en Suisse. Ce montant reste relativement similaire en Norvège (8'297 euros) et aux Pays-Bas (8'030 euros), tandis que l’Allemagne affiche un coût moyen nettement plus bas, à 6'146 euros. (Les valeurs sont exprimées en parité de pouvoir d’achat, tenant compte du niveau de prix et de revenu de chaque pays.)
Or, compte tenu de la proportion relativement élevée de cas stationnaires, les hôpitaux suisses n’apparaissent pas comme exceptionnellement «coûteux» dans cette perspective.
L’Allemagne et la Suisse suggèrent ainsi, chacune à leur manière, que le système DRG exerce une pression considérable sur les coûts hospitaliers.
«Les hôpitaux ne sont pas des facteurs de coûts des dépenses de santé, et le système hospitalier allemand n’est pas particulièrement onéreux. C’est même le contraire», commente l’Association allemande des hôpitaux, en réponse à certaines déclarations politiques. «En raison de leur sous-financement structurel, les hôpitaux allemands sont contraints de faire preuve d’une efficacité hors du commun. Ils permettent ainsi aux assurés d’économiser plusieurs milliards en réduisant continuellement leur part dans les dépenses totales des caisses d’assurance maladie. Nous avons toutefois atteint un point critique: de plus en plus de cliniques, de services et d’unités de soins risquent désormais de fermer pour des raisons économiques.»
Un constat qui semble aisément transposable à la Suisse.

Partager l'article

Loading

Commentaire

Plus d'informations sur ce sujet

image

Une étiquette intelligente pour sécuriser le transport des médicaments

Une équipe de l'Empa, de l'EPFL et du CSEM a développé une étiquette-capteur biodégradable capable de mesurer en temps réel la température et l'humidité – une innovation qui pourrait améliorer le suivi du transport de produits tels que les médicaments.

image

Les smartwatches rendraient les médecins plus résistants

Une récente étude livre des résultats surprenants: les médecins qui suivent leurs données de santé grâce à une montre connectée voient leur risque de burnout diminuer et leur résilience se renforcer.

image

«Kidz»: Bâle lance un modèle d'hospitalisation à domicile en pédiatrie

Alors que la prise en charge d'enfants malades à domicile est déjà établie dans certains pays, Bâle ose désormais franchir le pas avec «Kidz», un nouveau projet pilote.

image

Helsana alerte sur la hausse des examens par TDM en Suisse

L’année dernière, plus de 600'000 personnes, soit près de 7% de la population, ont subi au moins un scanner du tronc. L’assureur s’inquiète de cette augmentation.

image

Septième cas mondial de rémission du VIH après une greffe de cellules souches

Un sexagénaire est considéré guéri du VIH. Selon des scientifiques berlinois, son cas est d’autant plus remarquable que les cellules souches transplantées n’étaient pas résistantes au virus.

image

Médecins en devenir: quand les vocations naissent au chevet des patients

Quel est l’élément le plus décisif dans les choix de carrière des étudiants en médecine? D'après une récente étude menée en Suisse, ce n'est ni le revenu, ni le mode de vie, mais bien l’attrait qu’une spécialité développe au fil de la formation.

Du même auteur

image

Urgences: pourquoi l'idée d'une taxe ne convainc pas – et ce qu'en disent les spécialistes

Alors que doivent débuter les débats au Conseil national, les médecins urgentistes mettent à nouveau en garde contre l'idée d'une «taxe pour les cas bénins». Ils proposent quatre alternatives concrètes.

image

Swiss Medical Network: Nello Castelli rejoint Pharmasuisse

L'actuel secrétaire général de Swiss Medical Network devient directeur des affaires publiques au sein de la Société suisse des pharmaciens.

image

La télémédecine pour soulager les cabinets: Sanacare et Medgate renforcent leur collaboration

En cas de manque de disponibilités, les cabinets de groupe Sanacare pourront bientôt faire appel à Medgate dans toute la Suisse: les assistantes médicales transmettront directement certains patients aux télémédecins.