C’est seulement la septième fois en près de vingt ans que le canton de Neuchâtel prononce une telle sanction: un médecin hématologue originaire de France, installé à Neuchâtel, a récemment vu son autorisation de pratiquer révoquée.
La mesure, exceptionnelle et rarissime, a pris effet immédiatement. Le 28 mai 2025, le médecin cantonal s’est rendu en personne, escorté par la police, pour ordonner la fermeture immédiate du cabinet.
Passer entre les mailles du filet
D’après les informations recueillies par la «RTS» et «ArcInfo», l’homme, âgé de 56 ans, exerçait à Neuchâtel depuis 2019, après un passage dans le canton de Fribourg. Il avait auparavant travaillé dans des cliniques privées en région parisienne. Sa radiation de la Société neuchâteloise de médecine en 2023 avait déjà soulevé des questions, sans qu’aucune explication publique ne soit donnée.
Depuis,
la RTS a mené l’enquête. Le praticien aurait dissimulé à l’administration des antécédents problématiques en France, notamment des sanctions pour grave négligence médicale ainsi qu’une condamnation judiciaire pour fraude fiscale. Il serait parvenu à contourner les contrôles administratifs grâce à un dossier lacunaire.
«Un médecin français, interdit de pratiquer à Neuchâtel, officie toujours à Fribourg», dans le «19h30» de la RTS, 24 juin 2025.
Malgré plusieurs recours, la décision du Département de la santé neuchâtelois est devenue définitive le 16 mai dernier. L’homme continue toutefois d’exercer dans le canton de Fribourg. Les autorités fribourgeoises pourraient, à leur tour, ouvrir une enquête. Selon la RTS, son droit de pratique pourrait bientôt y être également retiré.
Radié ici, autorisé là-bas
Cette nouvelle affaire met en lumière plusieurs failles systémiques: la Suisse ne fait pas partie du système d’alerte européen IMI, qui permet aux pays participants de signaler automatiquement les professionnels de santé interdits d’exercer. Sans surprise, certains médecins radiés en France ont ainsi pu obtenir une autorisation d’exercer dans un canton suisse, leurs antécédents étant passés inaperçus. Une problématique aggravée par le manque de coordination entre les cantons eux-mêmes, qui permet à certains praticiens sanctionnés dans l’un de continuer à exercer dans un autre, parfois sans entrave.