À quel point notre système de santé est-il bien construit? L’OCDE apporte un nouvel éclairage sur la question. Dans le cadre d’une analyse, les experts de l’organisation des pays industrialisés ont classé 37 pays en sept catégories ou «clusters», selon la similitude de leurs systèmes de santé.
La Suisse se trouve à peu près dans le même groupe que l’Allemagne, Israël, les Pays-Bas et la Slovaquie. Ces pays ont en commun un système de santé fortement marqué par l’économie de marché, dans lequel l’assurance de base est proposée par différentes caisses maladie privées.
À l’autre extrémité du spectre, on trouve un groupe de pays comme le Danemark, l’Italie, la Suède ou la Grande-Bretagne: dans ces pays, tant les fournisseurs de prestations que les assureurs sont largement organisés par l’État – et la liberté de choix des patients y est nettement plus limitée. D’autres critères de répartition en groupes incluaient, par exemple, le rôle plus ou moins central des médecins de famille («gatekeeping») ou les structures de financement.
Dans une seconde étape, les analystes de l’OCDE ont mis en relation la structure du système avec son efficacité, mesurée notamment par la part des dépenses de santé dans le PIB ou les taux de mortalité standardisés par âge.
Valeurs d'efficacité au sein des différents clusters et entre eux (maximum: 1.0) | Graphique: OCDE, 2025
Résultat clé: aucun modèle clair ne permet d’attribuer une efficacité supérieure à un type de système particulier. Les différences au sein de chaque groupe sont très importantes, y compris en termes d’efficacité.
Si l’on s’en tient à la moyenne, le cluster auquel appartient la Suisse obtient tout de même le troisième score d’efficacité le plus élevé, soit 0,65 sur un maximum théorique de 1.
Le rôle des soins de premier recours
Le groupe le plus performant est celui de l’Australie, de la Belgique, de la France et du Canada. Dans ces pays, l’assurance de base est organisée par l’État, mais les assurés bénéficient en parallèle d’une grande liberté de choix. Par ailleurs, les médecins de famille y jouent un rôle de pilotage plus important.
Or, précisément, les divergences à l'intérieur même des clusters se révèlent tout aussi importantes que celles entre clusters. En d'autres termes, réformer des systèmes entiers serait vain. La stratégie politique gagnerait à se concentrer sur le réajustement de certains éléments.
L’étude mentionne deux pistes concrètes:
- Il est prouvé que les modèles de rémunération qui récompensent la qualité plutôt que la quantité donnent de meilleurs résultats.
- Les systèmes fortement axés sur les soins de base en tirent également profit: ils enregistrent significativement moins d’hospitalisations évitables.