Le système de santé suisse n'est pas aussi performant qu'on pourrait le croire: c'est en substance le constat d'une étude récemment publiée par le
Commonwealth Fund à New York.
Tous les trois ans, cette
fondation mène une étude approfondie et largement diffusée, dans laquelle elle compare les systèmes de santé d'une sélection de pays riches. Cette année, dix pays ont été analysés. Finalement, l'Australie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni se sont hissés sur les premières marches du podium, obtenant les meilleures performances globales.
En queue de peloton: les États-Unis.
Et la Suisse? Elle n'a pas particulièrement brillé non plus, se classant à la huitième place sur les dix nations évaluées.
70 indicateurs
Les analystes du think tank ont employé un total de 70 indicateurs pour évaluer les systèmes de santé, répartis en cinq catégories: Care Process, Access, Administrative Efficiency, Equity et Health Outcomes.
À première vue, la troisième place du Royaume-Uni peut surprendre: le système public britannique, le NHS, est souvent perçu comme un modèle en difficulté plutôt que comme une référence. Cependant, dans cette enquête américaine, les Britanniques se sont distingués par leur performance en matière d'Equity. Par exemple, le système propose une large palette de mesures préventives (un critère du domaine Care Process), et son efficacité administrative a été jugée excellente.
En revanche, le Royaume-Uni a obtenu des résultats médiocres dans les domaines des Health Outcomes et de la qualité des soins, qui sont pourtant des aspects décisifs.
De leur côté, les Australiens ont marqué des points grâce à une grande efficacité (performance and quality relative to spending), ainsi que des résultats cliniques supérieurs à la moyenne (mesurés, par exemple, par l'espérance de vie).
Les Pays-Bas se sont distingués en matière d'accessibilité aux soins, de Care Process et d'Equity.
«Coverage restrictions» classées comme «major problem»
Les enquêteurs new-yorkais ont sondé quelque 2’200 adultes en Suisse. Ils ont notamment examiné le temps que les médecins accordent à leurs patients ou, inversement, l'impact de la bureaucratie sur les professionnels de santé.
Ils ont également mesuré le temps que les médecins de premier recours consacrent à des tâches administratives liées aux assurances ou aux démarches pour obtenir les traitements nécessaires pour leurs patients, en raison des coverage restrictions, jugées comme un «major problem».
Ces aspects ont contribué à faire chuter la Suisse dans le classement. Dans la catégorie Administrative Efficiency, elle se retrouve en queue de peloton. Les auteurs de l’étude estiment que le morcellement cantonal pourrait expliquer cette faiblesse.
L'accès aux soins en Suisse est également décevant (8e place), en grande partie à cause des coûts élevés pour les patients.
En revanche, les résultats obtenus en matière de qualité des soins – Health Outcomes (2e place) – et d'Equity (4e place) sont honorables.