«Presque un air de déjà-vu»: l’ASMAC s'exprime sur les retards d'admission

L'OFSP ne parvient pas à suivre le rythme des procédures de reconnaissance des diplômes médicaux étrangers et les hôpitaux se retrouvent sous pression. L’ASMAC tire à son tour la sonnette d’alarme.

, 8 août 2025 à 09:53
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Les demandes d'autorisation s'empilent à l'OFSP | Image symbolique: Wesley Tingey / Unsplash
Face aux retards massifs dans les procédures d’admission des médecins étrangers, l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique (ASMAC) tire à son tour la sonnette d’alarme: l’accumulation de lenteurs bureaucratiques au sein de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) aggrave les pénuries de personnel dans le secteur de la santé – et touche directement les professionnels déjà en poste.
Dans une publication sur LinkedIn, l’ASMAC critique des délais d’attente qui peuvent actuellement atteindre jusqu’à six mois: «Des pourcentages de postes prévus sont supprimés, car les médecins ne peuvent pas travailler. Cela signifie que la charge repose sur l’équipe existante de médecins et de soignants», explique l’association.
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En moyenne, depuis 2021, 3'721 diplômes EU/AELE sont reconnus chaque année en Suisse. Source: Commission des professions médicales.
Dans un entretien accordé à Medinside, Philipp Thüler, directeur adjoint et responsable Politique & Communication de l’ASMAC, souligne que l’association s’inquiète surtout des répercussions sur les soins quotidiens et sur les équipes au chevet des patients: «Si un poste ne peut pas être pourvu en raison d’une reconnaissance manquante, cela représente une surcharge qui n’aide en rien dans une situation déjà tendue.»

OFSP: traitement des demandes par ordre d’arrivée

Contacté par Medinside, l’OFSP renvoie à sa prise de position officielle. Plusieurs facteurs y sont avancés pour expliquer cette «situation insatisfaisante», notamment un manque de personnel et des retards liés à la numérisation des processus. Accélérer certaines demandes ne semble pas être envisageable pour l’instant: «Par souci d’égalité de traitement, nous devons continuer à traiter les demandes par ordre d’arrivée et ne pouvons pas accorder de traitement prioritaire à certains prestataires de soins», indique l’OFSP.
L’Office précise cependant que de nouveaux collaborateurs sont actuellement formés et que des efforts «intensifs» sont en cours pour la mise en place de processus numériques. L’objectif est de réduire le temps de traitement des demandes à un maximum de trois mois d’ici la fin de l’année.
Pour l’ASMAC, il est urgent que ces délais diminuent. En attendant, la situation reste tendue: «L’accumulation de retards crée des charges supplémentaires inutiles pour le personnel de santé, avec des conséquences négatives pour l’ensemble du système.»
L’association demande depuis longtemps une réduction de la bureaucratie, de meilleures conditions de travail et une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée pour les médecins. Pour elle, l’engorgement actuel des procédures d’admission illustre une fois de plus comment les déficits structurels impactent directement les conditions de travail dans le milieu médical.
  • ISFM: les médecins réclament la fin du «jeu de patience». L’ASMAC demande plus de transparence et une réduction significative des délais de traitement pour l’octroi des titres de formation postgraduée. La Chambre médicale de la FMH soutient largement cette exigence.

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