Médecin-chef bloqué, hôpital sous pression – l’OFSP dans le coma bureaucratique

L’Office fédéral de la santé publique met plusieurs mois à reconnaître les diplômes de médecins étrangers. Pendant ce temps, les hôpitaux attendent – et l’Association des hôpitaux zurichois tire la sonnette d’alarme.

, 4 août 2025 à 23:00
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Salle d'opération à l'hôpital de Bülach: le nouveau médecin-chef en orthopédie y travaillerait volontiers – si tant est que l'OFSP fasse avancer son autorisation | Image: DR
«Le Conseil fédéral traîne des pieds non seulement sur la question de l’ambulatoire, mais aussi sur un point tout aussi crucial: l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) accuse un retard de plusieurs mois dans la reconnaissance des diplômes de médecins étrangers – ce qui contribue activement à la pénurie de personnel qualifié.»C’est en ces termes très clairs que l’Association des hôpitaux zurichois (VZK) s’exprime sur LinkedIn.

Embouteillage à l’OFSP

La VZK s’appuie sur un rapport publié sur «Blick.ch». L’OFSP y est cité comme suit : rien que pour accuser réception d’une demande, il faut actuellement compter environ deux mois. Le traitement ultérieur peut durer encore plusieurs mois. En parallèle, le support téléphonique est temporairement suspendu, et les demandes écrites restent sans réponse pendant quatre semaines.
Selon l’OFSP, ces délais s’expliquent par un manque de personnel et un retard dans la numérisation des processus.

L’hôpital de Bülach attend et attend encore

L’hôpital de Bülach se retrouve directement touché par ce blocage administratif. La raison: ses recherches pour un chef du service d’orthopédie n’ont pas permis de trouver un ou une candidate suisse. Et pourtant, on pourrait croire que le pays ne manque pas d’orthopédistes.
Après de longues recherches, un candidat qualifié a été trouvé en Bavière – expérimenté, reconnu, et issu d’un hôpital renommé. Mais bien que son dossier ait été déposé il y a un mois et demi, il devra encore patienter au moins six mois avant de pouvoir être admis à exercer.
Une situation problématique pour l’hôpital, qui ignore quand ce médecin-chef pourra effectivement entrer en fonction. «Nous devons assurer la continuité du service d’orthopédie, et ce nouveau médecin devra également former des médecins-assistants», explique le responsable des ressources humaines de l’établissement au «Blick».
C’est aussi une situation inconfortable pour le médecin concerné, ajoute «Blick»: il ne sait ni quand il devra prendre son poste, ni quand déménager, ni à quel moment déscolariser ses enfants en Allemagne.

Ce sont surtout les chefs qui manquent

Comme l’explique Thomas Straubhaar, président du conseil d’administration, la recherche de médecins-chefs est particulièrement difficile. De nombreux médecins ne souhaitent plus travailler à temps plein, et la spécialisation croissante – y compris au sein de l’orthopédie – complique encore les choses: certains se concentrent uniquement sur l’épaule, la hanche ou le genou.
Or, à Bülach, une prise en charge gériatrique large est indispensable. Les patients âgés – comme celles et ceux souffrant de fractures du col du fémur – présentent souvent plusieurs pathologies en parallèle. Il faut donc un cadre formé de manière générale, capable d’appréhender des cas complexes, et non uniquement des spécialistes d’une partie du corps.
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