«Inflation d'initiatives» pour les soins primaires

La Suisse fait face à une pénurie croissante de médecins de famille et de pédiatres, alors que la demande ne cesse d'augmenter. Face à cette situation, l'association Médecins de famille et de l'enfance Suisse a lancé une pétition en septembre dernier, appelant à:

Ces revendications ont trouvé un écho favorable au Parlement. Après avoir été adoptée par le Conseil national lors de la session d'automne 2024, une motion défendue par Baptiste Hurni a été approuvée par le Conseil des États à 31 voix contre 13.

Cette motion charge le Conseil fédéral de définir des mesures concrètes pour pallier le manque de médecins de famille et de proposer un cadre légal garantissant une formation suffisante des professionnels de la santé sur le territoire suisse.

Cette initiative s'inscrit dans une continuité. En mai 2024, les Suisses avaient déjà largement approuvé, à 88% des voix une mesure en réponse à l'initiative «Oui à la médecine de famille», conduisant à l'introduction de l'article 118b dans la Constitution fédérale.

Dans le cadre du programme spécial «Augmentation du nombre de diplômés en médecine humaine», la Confédération a investi près de 100 millions de francs entre 2017 et 2020.

Ce programme a permis une progression significative du nombre de diplômés, passé de 935 en 2016 à 1'284 en 2023, avec un objectif de franchir le cap des 1'300 cette année.

Parallèlement, la reconnaissance de diplômes médicaux étrangers par la Commission des professions médicales (MEBEKO) a suivi une courbe ascendante, passant de 2'948 en 2016 à 3'363 en 2023, comme l'a relevé la conseillère aux États Isabelle Chassot.

« Pour faire simple, pour chaque diplôme et pour chaque étudiant que nous formons dans notre pays, nous reconnaissons près de 2,5 diplômes étrangers – telle est la réalité».

Par cette motion, la Fribourgeoise demande «une action déterminée de tous les acteurs, chacun dans son domaine de compétence, mais surtout – et cela me semble nécessaire – de manière coordonnée et concertée».

Plusieurs initiatives vont toutefois déjà dans ce sens.

«De tels efforts ont déjà été entrepris en ce sens avec trois pistes, et ce matin, vous avez encore ouvert une quatrième piste tarifaire», a déclaré le conseiller aux États zougois libéral Matthias Michel, qui s'oppose à la motion et se trouve donc dans la minorité.

Par quatrième piste entendez la motion Nicolet. Selon cette dernière, c'est le Conseil fédéral, et non les partenaires tarifaires, qui doit, à l'avenir, fixer le tarif à la prestation des médecins de famille. Medinside est revenu sur cette information.

«Une telle inflation d’initiatives n’est ni efficace ni opportune», a déclaré le conseiller aux États Michel. Il conviendrait d’attendre d’abord les rapports avant de réclamer de nouvelles lois.

«Il me semblerait inédit, en particulier dans ce Conseil, que nous exigions des rapports et que, avant même qu’ils ne soient disponibles, nous sachions déjà quelles mesures adopter», a critiqué Michel. «Dans ce cas, nous n’aurions plus besoin de demander des rapports de postulat: nous pourrions directement prendre des mesures, sans même savoir si elles sont pertinentes ou non.»