Visana, l'assureur maladie de près de 1’900 Genevoises et Genevois, a mis fin à ses accords avec trois cliniques du canton au 1er février: la Clinique La Colline, la Clinique des Grangettes et l’Hôpital de la Tour.
En cause, des tarifs jugés trop élevés. Malgré des négociations intensives, aucun accord tarifaire n’a été trouvé avec ces établissements, indique le porte-parole de Visana, Josko Pekas, dans une interview accordée à
«Léman Bleu».
Cliniques sous pression
De son côté, l’Hôpital de la Tour explique avoir consenti à des «baisses tarifaires drastiques» pour tenter de concilier maîtrise des coûts et qualité des soins. «Cependant, nous ne pouvons pas accepter des tarifs qui ne couvriraient pas le coût réel de la prise en charge de nos patients», précise son porte-parole.
«Ici, on a la main lourde, car les pénalisés ne sont pas d’abord les cliniques, mais bien les patients, captifs de cette assurance.» — Mauro Poggia, conseiller aux États
En effet, il s'agit notamment de savoir si les caisses maladie souhaitent éviter une hausse des tarifs ou s'ils réclament au contraire leur baisse. «Je peux comprendre qu’on s’oppose à des augmentations», souligne Maura Poggia, conseiller aux États, «mais s’ils ont jusqu’ici considéré que ces tarifs étaient corrects pour un assureur complémentaire, pourquoi ces tarifs seraient excessifs tout d’un coup?»
Une position partagée par le président de l’Association des médecins du canton de Genève (AMGe), pour qui «quand un assureur vient placer le business avant la santé, on dit au secours, c'est inadmissible.»
La porte-parole de l’Hôpital de la Tour rappelle également que le financement public des soins est plus limité à Genève que dans d’autres cantons, ce qui renchérit mécaniquement la facture des assureurs de 30 à 40%. «Cela accentue donc encore la pression sur les négociations tarifaires et nous fait virtuellement apparaître comme le plus cher de Suisse.»
Patients, premières victimes
Sur le terrain, ce sont les patients qui subissent les principales conséquences de cette décision. Mauro Poggia déplore une situation déséquilibrée: «Ici, on a la main lourde, car les pénalisés ne sont pas d’abord les cliniques, mais bien les patients, captifs de cette assurance.»
Une habitante de Carouge, inquiète de la situation, rapporte qu’elle paie depuis une trentaine d’années «une assurance semi-privée ainsi qu'une assurance de base auprès d'un autre assureur avec libre choix du médecin, mais comment peut-on encore parler de libre choix alors que certains médecins n'opèrent que dans une clinique spécifique? Et pourquoi devrais-je aller me faire opérer dans une clinique lausannoise?»
Visana n’est pas la première caisse maladie à rompre ses accords avec certaines cliniques en raison des coûts pratiqués. En 2024, Helsana, le Groupe Mutuel et Sanitas avaient pris des décisions similaires. Après plusieurs mois de négociations, Helsana et l’Hôpital de la Tour avaient toutefois fini par trouver un terrain d’entente.
«Désaccord entre assureurs et médecins indépendants: patients dans l'incertitude», dans le 19h30 de la RTS, émission du 6 février 2025