Un médecin neuchâtelois jugé pour homicide par négligence

Jugé pour homicide par négligence, un médecin répond de la mort d’un patient décédé en 2020. Le parquet estime qu’il aurait dû imposer une hospitalisation, au vu de son état et de ses antécédents médicaux.

, 3 juillet 2025 à 13:46
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Image symbolique: Wesley Tingey sur Unsplash
L’audience qui s’est tenue ce jeudi au Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers (canton de Neuchâtel) est peu courante: sur le banc des accusés, un médecin encore en exercice, poursuivi pour homicide par négligence.
Les faits remontent à l’été 2020. Un patient de 41 ans, atteint de schizophrénie, s’était plaint pendant plusieurs semaines de fatigue, de vertiges et d’une perte d’appétit. Son médecin, aujourd’hui accusé, s’était rendu à son domicile et avait ordonné une prise de sang. À la réception des résultats, il avait prescrit du potassium, que le patient avait reçu chez lui et pris de manière autonome. Une prise en charge jugée «non conforme aux règles de l’art» selon l’acte d’accusation, d’autant que le patient présentait des antécédents d’embolie pulmonaire et de dépendance à l’alcool.
Quelques jours plus tard, le patient décédait à son domicile. L’autopsie n’a pas permis d’établir la cause exacte du décès.

Un patient qui «avait pleinement son discernement»

Selon l'acte d'accusation, «les résultats de laboratoire étaient suggestifs d’une pathologie digestive aiguë potentiellement grave», comme une pancréatite ou un ulcère. Compte tenu de ses comorbidités, le risque de décès était élevé. «Le médecin aurait dû organiser une hospitalisation, même contre la volonté du patient, au vu des antécédents psychiatriques de ce dernier, au besoin sous forme d'un placement à des fins d'assistance (PFA) à l'hôpital.»
Selon les informations du média «RTN» le médecin s'est défendu de toute faute professionnelle: il ne pouvait pas forcer un patient et devait respecter la volonté de ce dernier, qui «avait pleinement son discernement». L'avocat de la défense, Me Georges Schaller, a fait remarquer qu'il n'existait à sa connaissance «pas de PFA pour des raisons somatiques».
La défense a également mis en avant l’absence de réaction du Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP), où le patient était suivi. Le médecin leur avait adressé plusieurs courriels au sujet du traitement lourd de son patient et demandait l’intervention d’une équipe psychiatrique à domicile – des courriels restés sans réponse.
Le médecin a fait part de sa tristesse face à l’issue de cette prise en charge, disant ne pas comprendre ce qui a conduit au décès, et affirmant avoir été touché «dans [sa] sérénité professionnelle», rapporte le média «RTN».
Le Ministère public a requis une peine de 50 jours-amende. Le verdict sera rendu d’ici la fin du mois.

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