Le travail à temps partiel a depuis longtemps atteint le milieu hospitalier. De plus en plus de médecins réduisent leur charge de travail, souvent pour mieux concilier vie familiale et vie professionnelle, ou pour préserver leur propre santé. Mais des temps de présence plus courts pourraient-ils compromettre la sécurité des patients?
Une équipe de recherche suisse s’est penchée sur la question. Composé principalement d’internistes, de médecins urgentistes et de généralistes, le groupe a évalué environ 8'500 cas traités en 2021 dans trois hôpitaux universitaires : Berne (Inselspital), Fribourg (HFR) et Lausanne (CHUV).
Les chercheurs ont réparti les patients hospitalisés en deux groupes: ceux pris en charge principalement (> 50% des jours de soins) par des médecins à temps partiel et ceux suivis par des médecins à temps plein. Résultat: 3'557 cas ont été attribués au personnel à temps partiel, 4'973 au personnel à temps plein.
Résultat: la durée moyenne de séjour était quasiment identique (temps partiel: 7,3 jours; temps plein: 7,6 jours). Les indicateurs clés de qualité – taux de réadmission à 30 jours, mortalité hospitalière et coûts de traitement – ne montraient pas de différences significatives.
«L'argument selon lequel le travail à temps partiel nuit aux soins prodigués aux patients n'est pas valable dans le cadre hospitalier.»
Seule variation notable: les rapports de sortie étaient en moyenne finalisés un jour plus tard lorsque le médecin principal travaillait à temps partiel. Les chercheurs soulignent toutefois qu’il reste difficile de déterminer si ce léger décalage a un impact réel sur la prise en charge globale.
Signal envoyé au monde hospitalier
Pour des établissements en quête de personnel qualifié, ce constat est encourageant: le travail à temps partiel n’est pas synonyme de baisse de qualité des soins. «L'argument selon lequel le travail à temps partiel nuit aux soins prodigués aux patients n'est pas valable dans le contexte hospitalier», concluent les chercheurs.
En période de pénurie de main-d’œuvre qualifiée, ces résultats pourraient favoriser l’adoption de modèles de travail plus flexibles dans le secteur hospitalier, renforçant ainsi l’attractivité de la profession médicale.