La Suisse représente un défi considérable pour le système de santé français: les conditions de travail qu'elle offre attirent chaque jour des milliers de professionnels de santé provenant des pays voisins. À Genève,
près de 70% du personnel soignant est issu de l’étranger (souvent en tant que frontalier). Ce taux atteint environ 60% dans le Jura et un peu plus de 50% dans le canton de Vaud.
Cette situation suscite de nombreux débats et initiatives. La «fuite des personnels de santé» a notamment été évoquée lors de la visite d'État du président français Emmanuel Macron en 2023.
Pour tenter d’apaiser les tensions, le gouvernement cantonal genevois, le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) ont signé une
déclaration d’intention.
Les HUG, qui avaient déjà renoncé depuis plusieurs années à recruter activement du personnel dans la région frontalière française, se sont engagés davantage. Une «lettre d’intention» stipule désormais que les HUG s’abstiendront, autant que possible, de recruter du personnel issu de certains groupements hospitaliers de la région frontalière française. Les groupements de Haute-Savoie Pays de Gex, du Léman Mont-Blanc et de Bresse Haut-Bugey sont spécifiquement mentionnés.
Par ailleurs, les HUG exhortent les agences d’intérim à cesser tout démarchage direct dans la région frontalière française.
Des conditions préoccupantes
Tous les hôpitaux et établissements de santé du Grand Genève sont invités à adopter des démarches similaires.
Cependant, le document n’impose pas l’arrêt complet du recrutement de personnel en provenance de France. Les candidatures spontanées restent les bienvenues. De nouvelles discussions sur la coopération sanitaire entre la France et la Suisse doivent se tenir cette semaine à Genève.
Une enquête récente menée par l'
«Observatoire transfrontalier des professionnels de santé» illustre l’ampleur du problème. Dans le département de l’Ain, 12% des infirmiers et 8% des aides-soignants formés travaillent en Suisse. En Haute-Savoie, ces taux atteignent respectivement 50% et 30%.
Certaines zones de Haute-Savoie enregistrent même des pics dépassant les 80%. Dans ces régions, quatre professionnels des soins sur cinq traversent la frontière pour travailler. Ces pourcentages ont considérablement augmenté au cours des dix dernières années dans l’ensemble des régions frontalières françaises.