Lorsque le personnel soignant d'un hôpital est en sous-effectif, le risque de mortalité de ses patients augmente. Ce phénomène a été observé par diverses études (dont un aperçu relativement récent est disponible
ici).
Que se passe-t-il lorsque les postes vacants sont occupés par un nombre croissant d'employés intérimaires? Là aussi, on observe un taux de mortalité qui reste significativement élevé.
C'est la conclusion principale d'une vaste étude observationnelle réalisée en Angleterre. Une équipe de l'université de Southampton a traité les données de quatre centres hospitaliers du NHS concernant plus de 625 000 patients hospitalisés.
L'analyse des données portait sur les cinq premiers jours d'hospitalisation: Quelle était la composition du personnel infirmier (Registered Nurses) et du personnel aide-soignant (Nursing Assistants) dans les services au cours de cette phase? En particulier, y avait-il des postes vacants? Enfin, quelle était la proportion de personnel temporaire et intérimaire?
Parallèlement, l'étude s'est penchée sur le nombre de décès survenus dans les 30 jours suivant l'admission à l'hôpital.
Voici ce que révèlent les données statistiques:
- Le risque de décès était plus élevé lorsque les patients étaient confrontés à un personnel infirmier ou à un personnel assistant salarié en sous-effectif.
- Chaque jour où le nombre d'infirmier et infirmières diplômés était faible, le risque de décès était statistiquement plus élevé de 7,9%. Chaque jour où le nombre d'aide-soignants et aide-soignates était faible était associé à un risque accru de 7,2%.
- À chaque augmentation de 10% de la proportion de personnel soignant temporaire, le risque de mortalité augmentait de 2,3%.
- Ce phénomène s'est produit aussi bien chez le personnel temporaire déployé par des agences que chez le personnel temporaire engagé directement par l'hôpital.
«Ces résultats montrent que le recours à du personnel temporaire peut présenter des avantages, notamment pour les soignants, en particulier en matière de prévention des pénuries de personnel», précisent les auteurs dans leur conclusion. Ils ajoutent toutefois que «le risque demeure plus élevé lorsque l’on fait appel à du personnel temporaire pour compenser les pénuries. Cela remet en question l’idée selon laquelle cette pratique constitue une solution durable et économiquement viable pour garantir la sécurité des patients».